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Chantier à l'arrêt et victoire syndicale

«Le chantier est à l’arrêt!», affiche la banderole tendue par Unia au petit matin du 6 décembre à Berne. Les cinq ouvriers hongrois, non-payés, devaient vivre et dormir à même le chantier, dans des conditions immondes. Le contrôle et les démarches d’Unia ont permis qu’ils soient payés par l’entreprise générale.
© Darija Knežević

«Le chantier est à l’arrêt!», affiche la banderole tendue par Unia au petit matin du 6 décembre à Berne. Les cinq ouvriers hongrois, non-payés, devaient vivre et dormir à même le chantier, dans des conditions immondes. Le contrôle et les démarches d’Unia ont permis qu’ils soient payés par l’entreprise générale. 

Grâce à l’intervention d’Unia, des ouvriers hongrois non payés et vivant dans des conditions insoutenables sur un chantier bernois ont pu récupérer leur dû et leur dignité. Un cas de dumping sévère illustrant la nécessité de renforcer les mesures d’accompagnement et non de les édulcorer.

A peine croyable. Lors d’une visite de chantier à Berne le 6 décembre, Unia tombe sur un os. Des ouvriers, venus tout droit de Hongrie, travaillent et vivent sur ledit chantier, dans des conditions sanitaires immondes et sans avoir été payés. «Ils dormaient sur des matelas nus à même le sol, avec des toilettes sales à côté d’un chauffe-eau et une douche de fortune entre des parois à moitié arrachées», rapporte Sören Niemann, coresponsable d’Unia Berne/Haute-Argovie Emmental.

Concernant leur rémunération, bien qu’ils aient été annoncés à l’Office de l’économie comme employés du secteur principal de la construction, l’entreprise hongroise qui les embauche leur a promis seulement 15 euros l’heure, au lieu du minimum de 27 francs prévu par la convention. Et en plus de ça, aucun d’entre eux n’avait reçu un seul centime de ce salaire depuis leur arrivée, à savoir début novembre. Quant aux frais et aux indemnités de logement et de nourriture, ils n’ont, sans surprise, pas été versés non plus...

Action coup de poing

Face à cette situation extrême de dumping salarial et social, Unia a immédiatement hébergé les cinq travailleurs dans un hôtel de la ville afin de les sortir de ces conditions insalubres et humiliantes, entre saleté et outils. «Les travailleurs ont dû vivre sur un chantier sale et mal chauffé. La manière dont ils ont été traités est tout simplement indigne», souligne Stefanie von Cranach, en charge de la construction à la section bernoise d’Unia.

Le lendemain matin, le syndicat, aux côtés des travailleurs, a organisé une action de protestation devant le chantier, interrompant le travail pendant quelques heures. «En accord avec les travailleurs, nous avons tout de suite mis une pression maximale sur l’entreprise générale et les propriétaires de l’immeuble pour obtenir ce que nous voulions, et rapidement», explique Sören Niemann. Et avec succès. «Le débrayage a permis à l’entreprise générale, dont le siège est dans le canton de Schwytz, de prendre conscience des dysfonctionnements, et cela l’a incitée à prendre ses responsabilités et à verser immédiatement les montants dus à la place du sous-traitant hongrois», se félicite Unia dans un communiqué de presse. Ce sont donc exactement 36305 francs qui ont été versés aux travailleurs quelques heures plus tard. «Nous sommes extrêmement contents de l’issue de cette affaire», se réjouit le responsable syndical. «On aurait pu passer par la voie légale, qui aurait pris des années, pour peut-être ne rien obtenir. Les travailleurs se sont investis, ils ont fait leur part et ont obtenu gain de cause. Tout le monde est ravi. Cela montre à quel point il vaut la peine de se serrer les coudes et de s’engager pour ses droits!»

Mesures à renforcer

Le sous-traitant hongrois n’ayant pas honoré ses engagements, à savoir payer correctement ses employés, l’entreprise générale a cassé le contrat qui les liait et ne lui a rien versé. «Les travailleurs sont repartis en Hongrie en fin de semaine dernière, mais pas sans le sou», informe Sören Niemann.

Pour Unia, cet incident montre qu’il faut développer les mesures d’accompagnement et non les démanteler. «La suspension du travail dans les cas flagrants de dumping salarial est efficace et peut rapidement mettre fin à de telles situations de travail et d’hébergement indignes. Il faut donc un renforcement ciblé des mesures d’accompagnement avec une réglementation correspondante au niveau national.» De même, ce cas montre de manière exemplaire que les frais occasionnés en Suisse (logement et nourriture) doivent aussi être payés par les entreprises de détachement.

Et le syndicaliste de conclure: «Avec de tels salaires relevant du dumping, ce ne sont pas seulement les travailleurs étrangers qui sont exploités. Le niveau des salaires dans l’ensemble de la construction est également mis sous pression.»

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