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Chantons la Commune!

Pochette de l'album.
© DR

L’album La Commune refleurira regroupe une vingtaine de chants relatifs à la Commune de Paris.

Un album hommage à la Commune de Paris vient de sortir dans lequel s’entrelacent voix du passé et du présent. Parmi les artistes réunis, Michel Bühler se retrouve aux côtés des Ogres de Barback et de bien d’autres

En 1974, Renaud proclamait dans Société tu m’auras pas: «La Commune refleurira.» Plus de quarante ans plus tard, une série d’artistes signent un album hommage à la grande insurrection populaire, dont le titre est emprunté aux mots de Renaud. Autour des Ogres de Barback, on y trouve des groupes et également des chanteurs engagés. Ils réinterprètent des textes de communards comme Jules Vallès ou Louise Michel, mais aussi d’autres auteurs ayant écrit sur ce moment marquant de l’histoire des gauches (Victor Hugo, Arthur Rimbaud, Emile Zola). Ces artistes ont réalisé un remarquable travail d’interprètes. Ils portent haut et fort les revendications de la Commune ainsi que l’espérance qui en jaillit. Par conséquent, aucune nostalgie, nulle approche mémorielle, voire muséale, n’imprègnent cet album. La Commune n’est pas une momie ou un sarcophage. Elle vit à travers les voix qui la font résonner au sein de notre train-train quotidien, en tissant des liens entre passé et présent. Le collectif qui a porté ce projet a été à la recherche de textes et de leur partition. Il s’est approprié les paroles avec des mélanges instrumentaux parfois très contemporains. Lorsque les compositions musicales des textes n’ont pas été retrouvées, les arrangements réalisés pour cet album sont parfaitement réussis. On y entend les rayonnantes couleurs musicales des Ogres de Barback, mais aussi de très délicates notes de piano parsemées sur différents morceaux par l’initiateur du projet, Corentin Coko. Les surprises sont aussi au rendez-vous.

Un feu d’artifice musical

Pour exemple, la fanfare africaine Eyo’nlé livre une version de L’Internationale au son de ses cuivres et autres percussions. L’on ne sait ce qu’en aurait pensé l’auteur de cette chanson, Eugène Pottier. Mais le résultat reflète bien le message d’espoir porté par ce militant. Fait surprenant eu égard au caractère plein d’enthousiasme de cet hymne révolutionnaire: Pottier écrit ces vers après la débâcle succédant aux 73 jours de révolte. Il est, alors, traqué dans Paris du fait de son engagement en tant que membre de la Commune. Autre chant fameux: Le temps des cerises. Habituellement associé à la Commune, il date, en réalité, de la décennie précédente. Le texte de Jean Baptiste Clément est romantique, plutôt nostalgique, évoquant les amours mortes. Toutefois, revenu d’exil à la suite de son engagement dans les événements parisiens de 1871, Clément dédicace ces strophes à une ambulancière ayant secouru des insurgés, d’où son inscription au répertoire des chansons en lien avec les combats du mouvement ouvrier. Ce chansonnier a aussi relaté l’impitoyable répression de la révolte dans La Semaine sanglante. Interprétée par le duo Les Croquants, elle se termine sous forme de question: «A quand enfin la république de la justice et du travail?» Pour sa part, l’humoriste François Morel excelle, comme chanteur, dans Quand viendra-t-elle?, tandis que Michel Bühler nous donne une leçon d’économie politique emplie d’ironie. A travers le temps, les mots de la révolutionnaire Louise Michel reviennent également à nos oreilles: «Si l’égalité entre les sexes était reconnue, ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine», proclame-t-elle.

Un chemin vers l’espoir

En élaborant ce projet, les concepteurs de cet album se sont demandé ce que serait un mouvement social sans ses chansons et ses artistes. Effectivement, les conquêtes démocratiques sont généralement marquées par des chants entraînant les foules. Aussi, dans les années 1840, la militante socialiste et féministe, Flora Tristan, constate que le fait de chanter produit, sur les ouvriers réunis en masse, un effet extraordinaire, proche du magnétisme. Il est vrai que la chanson constitue l’une des principales voies d’expression populaire. Elle scande les convulsions de l’histoire ainsi que les heurs et les malheurs de la classe ouvrière, qui n’a jamais été la grande muette de la création littéraire. Cet album, au sein duquel s’entremêlent politique et poésie, passés tragiques et promesses de lendemains enchanteurs, le prouve. De surcroît, la transmission de ces chants, à travers les générations, montre que les combats du temps présent font écho à ceux précédents. En résumé: «La Commune refleurira.»


Collectif, La Commune refleurira, Irfan, le label, 2021.

Retrouver Les Ogres de Barback en concert le 2 décembre à 20h à la Salle communale d’Onex, et le 9 décembre à 20h30 aux Docks à Lausanne.

Les Ogres de Barback.
Autour du groupe français Les Ogres de Barback (photo) des artistes engagés apportent leur art à ce recueil de chants rendant hommage à la Commune de Paris. © David Desreumaux

 

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