L’Œuvre suisse d’entraide ouvrière réclame davantage de soutien en faveur des jeunes chômeurs et des travailleurs indépendants
Le chômage a augmenté en raison de la crise sanitaire. Et la tendance va continuer à s’accentuer au cours de ces prochains mois. En Suisse romande et au Tessin, le taux de personnes sans emploi dépasse déjà les 4%. Ce chiffre alarme l’œuvre suisse d’entraide ouvrière (OSEO) particulièrement inquiète quant à la situation des jeunes et des indépendants qui ont subi de plein fouet les effets de la crise sanitaire. Dans ce contexte, l’organisation réclame davantage de soutien pour ces catégories de la population. Les présidentes de l’OSEO Suisse et de la section de Zurich, respectivement Marina Carobbio Guscetti, conseillère aux Etats, et Céline Widmer, conseillère nationale, ont déposé lors de la session de printemps des interpellations dans ce sens. La première requête demande une prolongation de l’indemnisation du chômage des jeunes de 90 à 365 jours. Et ce pour une durée de deux ans. L’organisation – qui regroupe dix associations régionales – a en effet constaté que les jeunes adultes ont de plus en plus de mal à trouver un poste. Il s’agit majoritairement de personnes ayant terminé leurs études ou leur apprentissage et à la recherche d’un premier travail. «Actuellement, les 90 indemnités journalières sont insuffisantes pour décrocher un job. Il y a un grand danger que les requérants se retrouvent à l’aide sociale. Une issue qui n’est pas une solution à cet âge-là», déclare Caroline Morel, responsable du secrétariat national de l’OSEO, non sans préciser que nombre de jeunes, sans emploi, n’apparaissent pas dans les statistiques, n’étant pas inscrits dans un Office régional de placement.
Détresse profonde
L’OSEO se préoccupe aussi du sort des indépendants à faible revenu, un autre groupe qui passe entre les mailles du filet social. «En raison de la pandémie, ils sont pour la plupart confrontés à une situation de détresse profonde», note Caroline Morel, se référant essentiellement aux chauffeurs de taxi et aux personnes actives dans le domaine culturel. Dans son interpellation, Céline Widmer précise: «Les indépendants n’ont pas droit au chômage. Près d’un quart d’entre eux ne sont pas assurés auprès d’une caisse de pension et ne peuvent pas se permettre d’effectuer des versements réguliers au 3e pilier, ce qui amplifie le risque de pauvreté à la retraite.» Dans ce contexte, l’OSEO demande que les indépendants puissent recourir aux mesures d’insertion professionnelle de manière simple et non bureaucratique. «C’est-à-dire avoir accès gratuitement et pendant deux ans à des services tels que des évaluations professionnelles, des coachings et des conseils.» L’idée est de permettre aux personnes concernées de trouver une autre activité à temps partiel, la leur étant mise sur pause ou tournant au ralenti. A cet effet, l’OSEO souhaite que les offres existantes d’éducation de base du Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation soient rapidement prolongées, et ce pour une période de deux ans. A l’image de l’initiative de la Confédération «Viamia» qui propose des bilans professionnels et des conseils pour les intéressés de 40 ans et plus.
Les réponses du Conseil fédéral sont attendues au plus tard en juin. Caroline Morel se montre plutôt optimiste quant à l’issue des interpellations, en particulier celles concernant les jeunes. Non sans souligner qu’il sera nécessaire de réfléchir à la manière de soutenir cette catégorie de personnes aussi sur le plus long terme, comme de mieux assurer les indépendants en cas de coup dur...