Témoignages
Dani (prénom d’emprunt), chef de chantier électricien, 49 ans
«Il faut améliorer les conditions de travail des électriciens car, comme les maçons, notre travail est pénible et, comme eux, on travaille à l’extérieur, et pourtant, notre branche est mal payée et mal organisée. Trouver un restaurant qui sert un repas à 16 francs, ça n’existe pas. De même, actuellement, seulement un trajet sur deux est pris en charge par le patron en cas de déplacement. Moi qui travaille beaucoup dans le Valais, si je termine à 17h, l’heure et demie de trajet pour rentrer au dépôt n’est pas comptée comme du temps de travail…
Il y a encore dix ans, nous avions plus de temps pour faire les choses. On nous demandait de prendre notre temps pour que les tâches soient bien faites. Aujourd’hui, il n’y a plus le temps, on nous stresse pour aller vite.
Je suis en arrêt maladie depuis un an à cause de problèmes de dos, et je n’ai pas 50 ans: qui peut aller jusqu’à 65 ans dans ce métier sans être cassé?
Il faut qu’on arrive à se faire entendre et à faire passer ces revendications, aussi pour attirer les jeunes dans le métier, car quand les apprentis voient les conditions dans lesquelles ils vont devoir travailler et le salaire, ils partent!
Je crois que nous sommes prêts à bouger. Les maçons ont réussi à obtenir des avancées car ils sont unis, c’est à notre tour maintenant!»
Sergio, technicien du bâtiment, 47 ans
«C’est important pour moi de me battre pour la branche et pour les générations futures. Dans notre métier de soudeur industriel, nous devons travailler dans des positions inconfortables et pénibles. La vue se dégrade aussi à partir de 30-35 ans. Je dois changer mes verres tous les deux ans environ, car elle baisse. On travaille dans la poussière et l’émail, et au contact de matériaux qui vont de –40 degrés à +100 degrés. Nous ne sommes pas des privilégiés sur les chantiers.
On nous demande de bosser toujours plus, alors que les salaires, eux, ne bougent presque pas. Avant, on faisait uniquement de la soudure, de nos jours, on nous demande d’être polyvalents.
Les grandes boîtes actives dans la technique du bâtiment font des millions de francs et nous, les travailleurs, on n’en profite pas, alors que nos loyers augmentent comme les assurances maladie et les prix en général.
On espère que toutes les revendications posées sur la table seront acceptées par la partie patronale, et nous devons lutter pour cela, comme les anciens ont lutté pour leurs droits et leurs acquis. Malgré la peur, j’ai l’impression que ça prend, que les collègues ont la volonté de se battre. Il va falloir, car ça ne va pas tomber tout seul.»
Conventions: qui est concerné?
La Convention collective de travail (CCT) de la branche de l’électricité régit les conditions de près de 24000 travailleurs dans toute la Suisse, excepté les cantons de Genève et du Valais qui ont leurs propres accords.
Quant à la CCT Technique du bâtiment, elle s’applique à 22000 professionnels actifs dans le chauffage, la climatisation, l’installation sanitaire, la ventilation, la ferblanterie ou encore les installations solaires. Toute la Suisse y est assujettie hormis les cantons de Genève, Vaud et Valais qui ont leurs propres conventions.