Convention des contremaîtres: exigences syndicales balayées
Les syndicats ne sont pas parvenus à un accord avec la Société suisse des entrepreneurs sur une hausse de salaires des contremaîtres. Précisions
Echec des négociations menées entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Le troisième et dernier round des pourparlers intervenu le 8 décembre n’a abouti à aucun résultat. «La SSE n’est pas entrée en matière sur notre requête d’augmentation de 100 francs par mois des salaires effectifs et minimums des contremaîtres, déplore Chris Kelley, coresponsable du secteur construction à Unia. En fait, elle a rejeté toutes nos revendications.» Outre une revalorisation des rémunérations, Unia a réclamé le paiement de toutes les heures effectuées. Actuellement, les contremaîtres ne sont pas rétribués pour la demi-heure consacrée à la préparation du travail. «Nous demandons la suppression de cet article figurant dans l’accord en vigueur.» Le paiement d’une pause de 15 minutes et le droit au travail à temps partiel figurent encore au rang des requêtes syndicales. La SSE a botté en touche toutes les exigences, affirmant dans un communiqué que ces dernières «ne reflètent pas les besoins fondamentaux des contremaîtres». Elle argumente en évoquant un sondage qu’elle a mené auprès de 600 professionnels de la branche. Sur la question des rémunérations, selon ses dires, 68% des interrogés se disent «satisfaits à très satisfaits de leur salaire», 32% «seulement» l’estiment plutôt injuste par rapport à leurs performances.
La lutte se poursuivra
«Qu'un tiers estime que le salaire est injuste est une proportion étonnante! Mais d'une manière ou d'une autre, chaque contremaître mérite une augmentation après cette nouvelle année difficile», réagit Chris Kelley. La SSE continue ainsi à défendre l’idée d’augmentation des rémunérations au mérite, refusant les «ajustements collectifs des salaires selon le principe de l’arrosoir». Elle souligne encore dans son communiqué l’intérêt des cadres de la construction à organiser le quotidien de manière plus flexible. «Mais il est clair qu'il s'agit uniquement pour les patrons de légitimer leurs propres revendications de flexibilisation et l'abolition des horaires de travail réglementés. Bien sûr qu'il faut des améliorations en matière de temps de travail, mais des améliorations réelles, non un simulacre, un loup déguisé en mouton introduit dans la bergerie!» illustre Chris Kelley. Dans tous les cas, le responsable d’Unia juge la position patronale d’autant plus incompréhensible que la profession est confrontée à un sévère manque de relève. Mais il n’est pas surpris pour autant. Et pour cause. Les discussions menées entre la SSE et les syndicats sur la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) ont d’ores et déjà donné le ton, s’étant elles aussi soldées par le refus d’une revalorisation des salaires. L’accord relatif aux contremaîtres – concernant quelque 6000 professionnels du domaine – s’avère quasi identique à celui de la CN, à quelques exceptions près. Il diffère, entre autres, sur le front des intempéries où les personnes concernées bénéficient d’une meilleure couverture, ayant alors droit à l’intégralité de leur salaire. Mais il a aussi des points qui sont moins bien réglés, comme celui relatif au temps de préparation non rémunéré. «Si nous nous attendions au rejet de nos exigences, il faut désormais que l'année prochaine où la CN et la convention des cadres seront renégociées, tous luttent ensemble, maçons et contremaîtres unis.»