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Coup d’épée dans l’eau

Le 3 avril, l’UDC déposait à Berne son initiative populaire «Pas de Suisse à 10 millions!», accompagnée de 114000 signatures. On ne va pas se mentir, récolter 114000 paraphes en neuf mois, soit deux fois moins longtemps que le temps imparti, montre clairement que le sujet inquiète, ou du moins préoccupe… Depuis 2023, plus de 9 millions de personnes vivent en Suisse. Certes, ces chiffres peuvent donner le tournis et le seuil des 10 millions d’habitants peut faire peur, mais pour autant, les prétendues solutions portées par l’UDC ne résolvent rien. Au contraire, en les suivant, on se tirerait une balle dans le pied!

Reprenons. Pour l’UDC, la clé réside dans le contrôle strict de l’immigration, cette dernière étant responsable de tous les maux de notre société: hausse de la violence et de la criminalité, endettement des services sociaux, pénurie de logements, hausse des loyers, transports publics bondés, routes embouteillées, baisse du niveau des écoles ou encore pression sur la beauté du paysage et la préservation de la nature. Rien que ça… Pour freiner cette immigration, le parti agrarien veut tout simplement fermer les frontières quand la Suisse atteindra les 9,5 millions d’habitants. Si on considère que rien qu’en 2023, environ 100000 personnes sont arrivées dans notre pays, ces mesures seraient déployées sans doute avant 2030… Demain, donc… Et si cela ne suffisait pas, l’UDC serait prête à résilier l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’Union européenne. 

On ne peut que rejoindre l’Organisation suisse d'aide aux réfugiés (OSAR), qui a fermement rejeté cette initiative dans un communiqué de presse, l’accusant de faire des personnes déplacées par la guerre de «véritables boucs émissaires», les privant du droit à l’intégration et les précipitant dans l’aide d’urgence. L’OSAR dénonce l’absurdité totale du discours de l’UDC, qui fait porter le chapeau de tous les problèmes sociétaux aux migrants «alors que les personnes issues du domaine de l’asile ne représentent que 2,5% de la population résidente permanente». En réalité, cette initiative, si elle devait passer, ne ferait que provoquer l’explosion de l’immigration clandestine. Eh oui, comme au Royaume-Uni à la suite du Brexit. Là aussi, le but était de réduire l’arrivée des migrants. Loupé! Au lieu d’octroyer à ces migrants un permis F et l’opportunité de travailler, on les poussera vers l’aide d’urgence. Et puis, n’oublions pas la pénurie de main-d’œuvre, déjà forte dans certains secteurs économiques aujourd’hui. Tout comme le défi du vieillissement de la population, qui touche aussi nos voisins européens. On sera bien contents d’avoir un peu d’étrangers prêts à repeupler et à faire tourner le pays! Pas de panique, la Suisse a la place et les moyens de voir sa population croître encore un peu. Une fois de plus, l’UDC surfe sur la peur pour balancer des objets xénophobes. Bien tenté, mais on ne tombera pas dans le panneau!