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Crèches gratuites, un choix de société

On entend déjà les cris d'orfraie de la droite, hurlant à l’assistanat, à la politique de l’arrosoir. Mais les initiatives constitutionnelles lancées par l’Union populaire à Genève, pour que les crèches publiques et l’accueil parascolaire y deviennent gratuits, ont le mérite de mettre enfin sur le tapis cet enjeu crucial. Passons sur le calendrier opportuniste du parti de la gauche radicale, qui dépose ses textes à quelques mois des élections municipales genevoises. C’est de bonne guerre, mais espérons toutefois que ce ne soit pas qu’une tactique électoraliste. Car le fait est que la garde d’enfants est un véritable casse-tête pour de nombreuses familles, et une lourde charge financière sur leurs épaules. Or, pour elles, ce n’est pas un luxe, mais une nécessité. Y répondre relève donc du service public.

 Les chantres de l’ultralibéralisme diront que c’est une question de choix, qu’on est là dans le domaine strictement privé. C’est évidemment faux, sauf pour la caste des nantis qui constitue la clientèle favorite du camp bourgeois. N’en déplaise aux tenants du patriarcat, l’époque de la famille dite «traditionnelle» – papa au bureau, maman aux fourneaux – est définitivement révolue. De nos jours, dans la plupart des ménages, les deux parents travaillent. C’est lié à la fois à l’émancipation des femmes et au fait que deux salaires ne sont pas de trop pour assumer des loyers de plus en plus exorbitants et des primes d’assurance maladie exponentielles. Avec tout cela, même deux revenus ne permettent souvent pas de s'offrir les services d’une nounou, à moins de la payer au noir et au lance-pierre. Ainsi, placer ses enfants à la crèche ou à l’accueil parascolaire n’est généralement pas un choix.

 Et encore faut-il avoir la chance de décrocher la timbale… Est-il normal que, dans l’un des pays les plus riches du monde, il soit si difficile de trouver une solution de garde? Qu’il s’agisse d’une crèche ou d’une maman de jour, obtenir une place s’apparente à une loterie, tant l'offre est loin de répondre à la demande. Et comment justifier le fait que les tarifs des crèches publiques et du parascolaire varient tellement d'une commune à l'autre? Souhaitons que ces initiatives aboutissent pour qu'au moins, l'indispensable débat public sur ce sujet d'intérêt général puisse avoir lieu. Et à ceux qui qualifient d’utopie la gratuité de ces services, rappelons simplement ces mots de Gandhi: «La différence entre le possible et l'impossible se trouve dans la détermination». Le seul choix dont il est question ici n'est pas individuel, c'est un vrai choix de société.