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De l’argent, il y en a!

Ce n’est pas une fatalité. Les hausses des produits alimentaires, de l’électricité, des primes maladie, des loyers, des transports publics se succèdent, telles une vague engloutissant les maigres économies ou les salaires déjà misérables de nombreux travailleurs et travailleuses. Ce n’est pas une fatalité, car de l’argent, il y en a. Comme l’a montré l’étude d’Unia, publiée fin août, sur les écarts salariaux de plus en plus profonds entre les petits revenus et ceux du haut de l’échelle, les grands managers et les actionnaires. Les comptes de ces derniers enflent à mesure que gonfle l’inflation. Comment justifier que le patron de Roche, multinationale de la pharma, gagne 307 fois plus, chaque mois, que le salarié le moins bien payé de sa société? Comment soutenir qu’en moyenne, les chefs des 37 grandes entreprises étudiées par Unia touchent 139 fois plus que les plus bas salaires? Comment expliquer que les travailleurs du second œuvre romand n’aient pas été augmentés pendant 10 ans? Seule une maigre hausse a été octroyée cette année, ne couvrant même pas l’inflation annuelle. Et c’est pareil pour de nombreuses autres professions, dans le tertiaire notamment.

Aujourd’hui, beaucoup de salaires ne permettent plus de vivre. Les travailleuses et les travailleurs doivent se serrer la ceinture, ou s’endetter pour se nourrir ou lorsqu’une dépense urgente survient. Même chose pour les retraitées et les retraités qui voient la valeur de leur rente rongée par le renchérissement. La pauvreté est en hausse en Suisse, pays le plus riche du monde. Durant des années, le patronat est resté sourd aux demandes de revalorisation des salaires. Il y a eu la crise économique de 2007-2008, la pandémie, la guerre en Ukraine, les difficultés d’approvisionnement en gaz ou en électricité, dont les tarifs ont explosé en raison de la libéralisation des marchés. Des éléments mis dans la balance des négociations pour ne pas augmenter les rémunérations. Mais pendant ce temps, les plus riches ont continué à s’enrichir…

Des solutions contre la baisse du pouvoir achat existent. Outre une hausse générale des salaires et l’instauration de l’égalité hommes-femmes, des propositions sont sur la table pour que les patrons participent aux primes maladie. Avec raison car le travail rend malade. La santé des salariés est gravement affectée par l’intensification du labeur et les pressions psychologiques. Mais bien sûr, les patrons n’en veulent pas, ça renchérirait le coût du travail. Et qui dit coût du travail élevé dit profit en moins…

Pourtant, de l’argent il y en a, et rien ne justifie qu’il reste aux mains de quelques-uns. Comme l’a dit vendredi dernier devant la presse Pierre-Yves Maillard, président de l’Union syndicale suisse: «Il est possible de faire autrement.» Ainsi, «les entreprises disposent de moyens suffisants pour augmenter les salaires, pour s’asseoir à la table des négociations et protéger le pouvoir d’achat de leurs salariées et salariés. Les collectivités publiques disposent de marges de manœuvres se chiffrant en milliards qui permettraient d’alléger les hausses des primes maladie, des prix des transports publics. Enfin les leviers d’action pour freiner les hausses de prix existent, comme dans l’électricité.»

La manifestation nationale pour la hausse des salaires et des rentes, pour la défense du pouvoir d’achat de samedi à Berne sera l’occasion de le rappeler et d’exiger des pouvoirs publics de changer de politique. Elle sera aussi un signal pour renforcer la mobilisation dans les branches et les entreprises afin de forcer le patronat à augmenter largement les salaires.