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Défendons nos ateliers et nos usines

La Confédération européenne des syndicats (CES) tire la sonnette d’alarme: une vague de licenciements déferle sur le Vieux-Continent, submergeant en particulier le secteur secondaire. Un million d’emplois manufacturiers ont déjà été perdus dans l’UE depuis cinq ans et cette tendance semble s’accélérer, n’épargnant même plus les fleurons industriels.

A l’image de Volkswagen, où un bras de fer historique s’est engagé entre le personnel, organisé par le syndicat IG Metall, et la direction du groupe automobile. Cette dernière entend économiser 10 milliards d’euros dans les trois prochaines années en fermant des sites, en supprimant des milliers de postes, voire en baissant les salaires.

Il est vrai que de nombreuses entreprises européennes annonçant des plans sociaux rencontrent des difficultés sur leur marché, sont victimes d’une concurrence mondiale déloyale et de l’absence de politiques climatiques et industrielles concrètes. Beaucoup d’autres sociétés, en revanche, licencient et délocalisent afin d’augmenter leurs marges et les bénéfices au profit d’actionnaires avides de dividendes. A l’instar de VW, qui a, cette année encore, versé plusieurs milliards d’euros à ses détenteurs d’actions.

Face à cette situation, la CES exige, à juste titre, un moratoire sur les licenciements en attendant la mise en place d’une solide politique industrielle. 

Si nous voulons conserver un secteur secondaire et une certaine souveraineté économique, nous ne pouvons, en effet, plus nous permettre le luxe de laisser le champ libre au marché, d’offrir à des actionnaires une prétendue liberté économique de ruiner nos sites de production. Il nous faut, au contraire, donner aux entrepreneurs et aux travailleurs, qui ont à cœur de produire ici et dans de bonnes conditions, les moyens de poursuivre leurs activités, de les inscrire dans la transition écologique et de se battre à armes égales face aux firmes nord-américaines et chinoises. A l’heure de l’urgence climatique, une planification industrielle, favorisant en particulier le réemploi, les circuits courts et la réduction des émissions, est plus essentielle que jamais. C’est d’un Green New Deal, en quelque sorte, dont nous avons besoin.

Le topo est le même en Suisse. Voilà bien une dizaine d’années qu’Unia réclame la mise en œuvre d’une politique économique volontariste atténuant les effets du franc fort et encourageant en particulier la reconversion écosociale de l’industrie, les investissements verts ou encore la formation. Le syndicat a, jusqu’à présent, un peu prêché dans le désert et, depuis dix ans, nombre de boîtes ont fermé ou taillé dans leurs effectifs. Dernier exemple en date: Faulhaber, entreprise active dans la micromécanique, qui détruit 70 emplois à La Chaux-de-Fonds pour délocaliser une partie de sa production en Hongrie.

Mais le vent pourrait tourner. Après le Conseil national, le Conseil des Etats s’est écarté de la sacro-sainte loi du laissez-faire le marché en se prononçant ce 16 décembre en faveur d'un allègement temporaire des coûts d'utilisation du réseau électrique aux industries fragilisées de l’acier et de l’aluminium.

Quatre usines sont concernées, dont Stahl Gerlafingen (AG) et Swiss Steel à Emmenbrücke (LU), qui avaient annoncé des suppressions de postes. Gerlafingen est même menacée de fermeture. Mais le personnel, soutenu par Unia et Syna, a organisé plusieurs manifestations ces dernières semaines pour alerter l'opinion publique et les politiques. Il vaut la peine de se battre, puisque les sidérurgistes ont obtenu ce vote du Parlement et la suspension des 120 licenciements prévus à Gerlafingen.

Les syndicats réclament maintenant à Swiss Steel d’en faire de même, 130 postes sont toujours en péril. Ils demandent aussi au Conseil fédéral d’édicter des directives sur l'utilisation d'acier recyclé à faibles émissions, permettant aux aciéries suisses de rester compétitives sur leur marché.

En 2025, il faudra continuer à se mobiliser en ce sens et accentuer la pression. Le sort de milliers d’emplois est en jeu, comme celui de nos capacités à mener à bien la transition écologique.