Pandémie de sanctions sur les chômeurs genevois
Une motion visant à stopper ces pratiques a été acceptée au Grand Conseil jeudi passé. Reste à savoir comment elle se traduira dans les faits
Chaque mois, un millier de chômeurs genevois sont sanctionnés par l’Office cantonal de l’emploi (OCE). Deux tiers des sanctions sont prononcées en raison d’une insuffisance du nombre de recherches de place de travail. Déjà amputés de 20 à 30% de leur dernier salaire, ces demandeurs d’emploi perdent ainsi en moyenne entre 9 et 10 jours d’indemnités, soit quasi la moitié d’un mois, selon les chiffres avancés par les syndicats. «Le chiffre des sanctions est en plein boom depuis l’entrée en fonction de l’actuel directeur de l’OCE qui a mis en place cette politique de mobbing à l’égard des demandeurs d’emplois», relève Alexandre Baljozovic, coordinateur de l’Association de défense des chômeurs. «Genève frappe plus fort que tous les cantons suisses allemands. Cette politique de sanctions qui revient à faire les poches des chômeurs est indigne», a lancé vendredi dernier au Grand Conseil Grégoire Carasso. Le député socialiste défendait sa motion «Stop à la pandémie des sanctions à l’OCE, pour un confinement des pénalités» invitant le Conseil d’Etat à «tout mettre en œuvre pour changer la politique de l’OCE qui consiste à contrôler et punir avant d’aider et soutenir», à «annuler avec effet rétroactif et remboursement les sanctions et pénalités infligées par l’OCE depuis le début de la crise sanitaire qui peuvent être, directement ou indirectement, liées à celle-ci», et enfin à «demander au Conseil fédéral de prolonger de 6 mois la durée des indemnités et délais-cadres pour toutes les personnes au chômage».
Les jours précédents les syndicats avaient lancé un appel à traiter en urgence le texte. Celui-ci a finalement été adopté par le Parlement cantonal grâce aux voix du PDC qui se sont jointes à celles de gauche. Ce qui constitue une petite victoire, mais il est à parier que le conseiller d’Etat en charge de l’Emploi, Mauro Poggia, va s’asseoir dessus. Pour obtenir des changements concrets pour les demandeurs d’emploi, il s’agira de ne pas relâcher la pression.