Des travailleurs récompensés pour leur lutte syndicale

De mars à juin 2024, les employés de Vetropack soutenus par Unia auront tout essayé pour sauver la dernière verrerie de Suisse.
Les ouvriers de Vetropack ont reçu la médaille d’argent du prix 2024 de la Personnalité du journal La Côte. L’occasion de faire le point avec l’un d’eux, presque une année après le début du combat.
Le 23 janvier, les travailleurs de la verrerie de Saint-Prex ont été honorés du deuxième prix de la Personnalité, derrière le comité de la Cantonale de Jeunesse de Givrins, à la suite du vote des lecteurs et des journalistes de La Côte, ainsi que de personnalités de la région. Joint par téléphone, Joaquim Teixeira ne cache pas sa satisfaction vis-à-vis de ce prix symbolique: «Nous sommes très reconnaissants. On a bataillé, on a fait notre devoir, avec l’aide de la commission du personnel et d’Unia, nous sortons dignes. Nous aurions aimé un plan social meilleur, mais nous avons réussi à l’améliorer sur beaucoup de points.»
Pour mémoire, le 7 mars, la direction de Vetropack annonçait vouloir fermer son site de Saint-Prex vieux de 113 ans. Le 11 mars, une assemblée réunissait près de 150 des 175 salariés. Manifestations, appels aux politiques, pétition, actions symboliques, grève, les travailleurs auront tout essayé pour sauver la dernière verrerie de Suisse. Le four historique sera finalement éteint abruptement le 27 juin.
Depuis, l’usine de production est démantelée peu à peu. Officiellement près d’une soixantaine de personnes sont encore salariées, y compris celles en préretraite ou en arrêt maladie. «En activité, il reste une trentaine d’employés, deux équipes pour le traitement du verre, la logistique, la délocalisation de la production, le démontage. Une partie des machines et des moules partent en Autriche, d’autres seront vendus ailleurs. J’ai vu des machines neuves arriver en 2001 et, là, je les vois partir. Il reste aussi quelques personnes dans l’administration, les RH. Mais le lieu ressemble à une usine fantôme. Et la nuit, moi qui vis à côté, je ne vois plus aucune lumière. Tout est mort», raconte Joaquim Teixeira. En ce 28 janvier, il confie être en train d’épousseter son bureau: «Demain, c’est mon dernier jour. J’ai un sentiment de tristesse et de rage à la fois. Mais on ne peut plus rien faire.»
Des employés polyvalents
Le collaborateur de 45 ans a été engagé dans une autre entreprise. Il confie avoir retrouvé facilement un autre poste, à sa grande surprise: «Au début, je craignais vraiment pour mon avenir. Puis, je me suis rendu compte qu’avec mes cinq casquettes et mon expérience qui démontre ma grande polyvalence, j’avais des chances. J’ai postulé à deux endroits et j’ai été pris. D’autres collègues ont aussi trouvé du travail, un peu partout, dans la logistique, mais pas seulement. Mais certains sont toujours au chômage. Quelques-uns ont même décidé de repartir au pays, au Portugal. Pour ceux qui ont 58 ou 59 ans, c’est compliqué.» En effet, ce n’est qu’à partir de 60 ans que le plan social permet aux travailleurs de rester sous contrat, jusqu’à une préretraite fixée à 62 ans.
Nicole Vassalli, secrétaire syndicale responsable du secteur Industrie d’Unia Vaud, souligne cependant que les employeurs de la région ont fait preuve de sensibilité vis-à-vis des employés de Vetropack: «C’est la première fois que nous avons reçu des propositions de postes à Unia à l’intention de travailleurs.»
Quid de l’usine et du terrain? Pour l’heure, le démantèlement devrait se poursuivre jusqu’au début de 2026. Sauver l’entreprise, voire la transformer pour qu’elle devienne un centre de lavage aurait certainement été trop onéreux, selon Joaquim Teixeira. «Les bâtiments sont vétustes. Les rénover aurait coûté beaucoup.» Par rapport au projet Bottle Back (voir ci-dessous), il salue l’initiative: «Cette économie circulaire est excellente pour l’environnement. Dommage que les bouteilles mises en circulation ne seront pas produites en Suisse...»