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Douce France

François Ruffin en discussion avec des gilets jaunes.
© Guillaume Tricard

Image tirée du film.

Les Gilets jaunes sont-ils des fachos? C’est à cette question que les réalisateurs Gilles Perret et François Ruffin tentent de répondre dans leur nouveau film, un road movie entre gravité et humour

«Fachos, racistes, antisémites, homophobes, violence, radicalisme, dictature de la foule, négation de la France, etc.» C’est sur cette litanie martelée par des journalistes et des politiciens français à l’encontre des Gilets jaunes que s’ouvre le film J’veux du soleil du réalisateur Gilles Perret et du désormais homme politique François Ruffin.

Bien décidés à se faire une idée par eux-mêmes et titillés par ces Gilets jaunes pour lesquels ils expliquent «éprouver de la sympathie», les deux hommes se lancent dans un road trip, caméra au poing, à travers différentes régions de l’Hexagone à la rencontre de ces Corinne, Carine, Khaled, Rémi, Denis, Cindy ou autres Marie. L’objectif des réalisateurs: mettre des visages et des noms sur ces vêtements fluorescents, leur donner la parole, écouter leurs souffrances.

S’enchaînent des témoignages, ou plutôt des rencontres, tantôt brèves au détour d’un rond-point, tantôt plus approfondies dans l’intimité familiale. Des histoires personnelles s’égrainent alors avec une violence bouleversante, inimaginable au XXIe siècle pour un pays réputé civilisé, sixième puissance mondiale. Une jeune femme handicapée confesse sa honte à devoir faire les poubelles. Un père de famille explique que c’est grâce aux deux pizzas gratuites qu’il reçoit de son employeur chaque semaine qu’il survit. Un jeune homme raconte, les larmes aux yeux, qu’à 28 ans, c’est sa grand-mère qui doit encore l’aider financièrement. Une femme confie qu’elle nourrit sa famille grâce aux lotos-quines auxquels elle participe gratuitement en faisant du bénévolat. Des récits parmi d’autres, reflets d’une population laissée-pour-compte et dénigrée.

A ces témoignages, alternent en contrepoint des images télévisuelles difficilement soutenables de violences policières à l’encontre des Gilets jaunes, et d’autres, pas beaucoup plus supportables, des discours iniques et de petites phrases narquoises du président Macron entre maladresse et arrogance. Le tout rythmé ironiquement par la voix de Charles Trenet et de sa chanson Douce France.

Dans ce portrait amer d’un monde sans solidarité, l’optimisme montre toutefois le bout de son nez. Ce mouvement n’est-il pas enfin le moyen d’extérioriser la honte que rencontrent chaque jour ces femmes et ces hommes dans leur misère? Et ces points de blocage ne sont-ils pas, dans une société du chacun pour soi, les lieux pour se rassembler, échanger et se mobiliser? C’est en tout cas ce qu’affirment plusieurs Gilets jaunes, dans un espoir retrouvé et les yeux brillants, comme une brèche derrière laquelle on devine, peut-être, du soleil.

J’veux du soleil de Gilles Perret et François Ruffin à l’affiche en Suisse romande depuis le 1er mai.

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