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En avant vers la grève des femmes!

manifestation, banderoles égalité
© LDU

Les femmes de l’USS manifestaient le 3 décembre devant les portes du Palais fédéral alors qu’à l’intérieur, les élus s’apprêtaient à finaliser la révision de la Loi sur l’égalité.

Le Parlement a adopté la révision de la Loi sur l’égalité. Face à ce changement minimaliste, les femmes s’organisent pour la grève du 14 juin 2019

«Oui, notre patience est à bout! Si le politique n’est pas capable de changer les choses, alors nous allons nous battre sur le terrain, et préparer activement la grève des femmes et la journée d’action du 14 juin 2019.» Corinne Schärer, secrétaire centrale d’Unia en charge de la grève, réagit à l’acceptation, le 3 décembre par le Parlement fédéral, de la révision de la Loi sur l’égalité. Une révision bien «mince et absolument insatisfaisante», poursuit-elle.

Cette révision, qui a d’ailleurs manqué plus d’une fois de ne jamais voir le jour malgré la persistance d’une inégalité salariale de près de 20% en Suisse, ne touchera qu’une infime partie des sociétés. Seules celles occupant plus de 100 employés, à l’exclusion des apprentis, soit 0,9% de toutes les entreprises et 46% des salariés du pays, seront obligées d’effectuer une analyse de salaires. Elles devront en informer leur personnel. «Mais elles ne seront ni sanctionnées si elles ne font pas d’analyse, ni contraintes de rectifier les salaires en cas d’inégalités. C’est scandaleux», se fâche Corinne Schärer, qui est aussi coprésidente de la Commission féminine de l’Union syndicale suisse (USS). Autre point qui la fait bondir: la limitation de la révision à douze ans. «Cette révision est une honte, une loi alibi et un affront pour les femmes syndicalistes qui se battent depuis cinq ans pour changer la loi, et pour toutes les femmes!» Elle rappelle la grande manifestation nationale ayant rassemblé près de 20000 femmes et hommes le 22 septembre dernier à Berne pour l’application de l’égalité salariale et contre les discriminations. «Le Parlement, dominé par des hommes bourgeois, ignore largement nos revendications et la réalité quotidienne des femmes. Nous allons maintenant nous battre pour que, le 14 juin 2019, il y ait une forte mobilisation pour que nos droits et nos vies soient respectés.»

L’USS tout entière pour la préparation du 14 juin

Alors que de larges alliances se sont constituées pour organiser la grève dans la plupart des cantons, du côté syndical, le récent Congrès de l’USS a adopté deux résolutions, d’Unia et du Syndicat des services publics, engageant la faîtière tout entière dans la préparation de la grève et de la journée d’action de juin. «L’USS ne va pas seulement y contribuer avec des ressources financières, mais va engager une personne à 80% pour encourager et organiser le 14 juin 2019», se réjouit Corinne Schärer, dévoilant un peu le travail qui sera réalisé au niveau des syndicats. «Notre but est de faire grève là où c’est possible durant toute la journée. Autre option : y consacrer une partie de la journée, faire une pause prolongée ou encore sortir plus tôt le soir du travail. Le 14 juin est un vendredi, cela favorisera une telle action. Dans la mesure où les femmes ne peuvent faire grève, nous envisageons un insigne ou autre chose porté par les salariées. Chez Unia, nous consultons les régions pour savoir quelles entreprises pourraient être concernées. De leur côté, les collectifs s’occuperont plutôt de l’organisation de la journée dans les villes, des manifestations ou des fêtes. L’objectif étant de toucher les femmes qui ne travaillent pas ce jour-là, qu’elles soient en congé, maternité par exemple, ou qu’elles ne soient actives que dans le travail non rémunéré.» Et la syndicaliste de rappeler que les revendications des femmes sont multiples. «Dans les entreprises, elles peuvent toucher les questions salariales, mais aussi le temps de travail, le stress, la conciliation vie privée et vie professionnelle.» La mobilisation ne fait que débuter. Il reste six mois jusqu’à cette date majeure pour l’égalité et les femmes.

 

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