«Les migrants sont mieux accueillis ici»
Arrivée en Suisse en 2013, en provenance de Moscou, Oxana s’est syndiquée voici trois ans, avant d’intégrer en 2020 le groupe d’intérêts Migration. «Lorsqu’on ne connaît ni la langue ni les usages d’un pays, on s’y sent rapidement perdu, effrayé. L’encadrement des migrants par le syndicat est donc très précieux, pour faire connaître aux arrivants leurs droits et leurs devoirs, les démarches à entreprendre pour s’intégrer, les propositions à refuser pour éviter le dumping salarial et la dégradation des conditions générales de travail.»
En Suisse, où sa fille va naître bientôt, Oxana souligne que les femmes enceintes et les travailleurs en général sont moins bien protégés qu’en Russie. «En revanche, les migrants y sont nettement mieux accueillis», ajoute-t-elle, en saluant notamment l’ouverture à l’école de classes d’accueil qui permettent aux élèves allophones de rapidement s’intégrer au cursus. «En Russie, les arrivants sont livrés à eux-mêmes, y compris lorsqu’ils proviennent d’Etats limitrophes.»
Dans son pays d’adoption, outre une aide concrète aux nouveaux arrivants, Oxana entend bien participer notamment à la lutte pour l’égalité salariale entre femmes et hommes.
«Les conditions se sont durcies»
Aux yeux de Carlos, qui œuvre en son sein depuis une dizaine d’années, l’action du GI Migration est également très importante. Même en arrivant d’un pays aussi proche que le Portugal, il a bel et bien connu les difficultés de ces travailleurs perdus dans un système dont ils ne connaissent aucun rouage. «Le groupe d’intérêts peut non seulement défendre en haut lieu les intérêts des migrants, mais il leur apporte aussi, personnellement et concrètement, les bonnes informations; il répond précisément à leurs questions et les assiste dans leurs efforts d’intégration.» Ce GI, Carlos l’estime d’autant plus précieux qu’il l’affirme: les conditions sont devenues plus dures, les exigences plus élevées et les restrictions plus nombreuses, depuis son arrivée en Suisse en 2007.
Pour les migrants comme pour tous les travailleurs, l’engagement syndical souffre d’une peur croissante de perdre son emploi. «Or, Unia a besoin, plus que jamais, d’une importante représentativité. De même, les migrants ont besoin d’un syndicat fort; car il faut le savoir, les discriminations liées à l’origine perdurent, même lorsqu’on obtient la nationalité suisse…»