Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Forte mobilisation pour la Fête du travail

Cortège à Lausanne.
© Olivier Vogelsang

Des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs ont célébré le 1er Mai organisé dans une cinquantaine de localités sur l’ensemble du pays. Revendications et temps forts en Suisse romande

Paix, liberté, solidarité: voilà le slogan qui a réuni, ce dimanche, plusieurs milliers de manifestants venus célébrer le 1er Mai – rien qu’à Zurich, ils étaient au nombre de 12000. Le mot d’ordre retenu a fait largement écho à la guerre en Ukraine, figurant au cœur de l’élan exprimé lors des rassemblements. «Les militants syndicaux ont appelé à ce que les réfugiés de la guerre trouvent en Suisse une terre d’accueil et que notre pays fasse son maximum pour soutenir la population civile en Ukraine», a précisé l’Union syndicale suisse dans un communiqué, insistant sur l’importance d’un engagement en faveur de la paix et de la solidarité entre les travailleuses et les travailleurs, au-delà des frontières. Même impératif mis en avant par Unia qui a en outre regretté le traitement différencié de Berne à l’égard des exilés non européens. «La Suisse applique deux poids et deux mesures», a dénoncé le syndicat également dans un communiqué, appelant la Confédération à offrir les mêmes chances à toutes les personnes en quête de protection et de sécurité. Si le conflit à nos portes a largement été évoqué lors de cette Fête du travail, la journée a aussi servi de miroir aux revendications typiquement syndicales avec le rappel des combats en cours.

Attaques contre les rentes

Parmi les batailles à livrer, celle en faveur de la prévoyance vieillesse. «En 2022, le modèle suisse des trois piliers aura 50 ans. Mais il n’y a pas grand-chose à fêter en cette année de jubilé. La moitié des nouveaux retraités doivent se débrouiller avec moins de 3500 francs par mois. Les femmes reçoivent en moyenne un tiers de rente en moins que les hommes», a commenté Unia, fustigeant les différentes salves contre les rentes du Parlement, «sous l’influence des employeurs, des banques et des assurances». «La Suisse votera jusqu’à sept fois sur la prévoyance vieillesse au cours des prochains mois. La première attaque réelle est concrétisée par le projet AVS21, réforme qui se fait surtout au détriment des femmes.» Vania Alleva, présidente d’Unia, a donc misé sur la victoire de cette votation – le projet a été combattu par référendum –, «car la question qui se pose en fin de compte est de savoir si les personnes à revenu normal et faible pourront à l’avenir s’en sortir décemment avec leur retraite».

Autre lutte cruciale à gagner, celle portant sur une augmentation générale de salaires réels. Une hausse jugée d’autant plus nécessaire que le renchérissement du coût de la vie s’élève à plus de 2%, sans oublier des primes d’assurance maladie qui vont prendre l’ascenseur. Cette situation va peser lourdement sur le budget des ménages.

Impératif besoin de rattrapage

«Sans compensation, les familles risquent une perte de salaire réel de 2200 francs et une perte supplémentaire du pouvoir d’achat de 1000 francs due à la hausse des primes maladie.» Dans ce contexte, Unia va exiger une revalorisation des rémunérations, estimant que la situation économique le permet. «Les augmentations de productivité n’ont pas été répercutées sur les travailleuses et les travailleurs. C’est pourquoi il y a un grand besoin de rattrapage, en particulier pour les bas et moyens revenus», a souligné Nico Lutz, membre de la direction d’Unia et responsable du secteur de la construction. Et le syndicat d’ajouter: «Entre-temps, de nombreux secteurs se sont complètement remis de la crise et connaissent un boom. C’est ce que montrent entre autres la baisse du taux de chômage et le manque de personnel dans diverses branches.»


VAUD - DÉFIS SOCIAUX PLURIELS


VALAIS - UNE FÊTE AU VERT


GENÈVE: REPRENDRE LE COMBAT SYNDICAL

Cortège à Genève.


Belle ambiance à Genève où quelque 3500 personnes ont participé au 1er Mai. Parti de la place Lise-Girardin, le cortège a passé le pont du Mont-Blanc au son des tambours féministes, traversé les Rues-Basses pour finir à la salle communale de Plainpalais. Comme à l’habitude, les ramoneurs ouvraient le défilé syndical dont le gros tronçon d’Unia se détachait. Le Bloc révolutionnaire fermait la marche accompagné d’un camion «Baby-Bloc anti-caca-pipitaliste» sur lequel des enfants soufflaient des bulles de savon et lançaient des confettis. Cette année, le comité d’organisation n’a pas déposé de demande d’autorisation afin de protester contre les entraves au droit de manifester. Si, durant le parcours, quelques vitrines ont été taguées, aucun incident n’est à déplorer. Relevons que l’entrée du siège de la Fédération des entreprises romandes avait été barbouillée à la veille du week-end, action revendiquée par un «Groupe Louise Michel» dénonçant la paix du travail et la «posture défensive», appelant à «ouvrir de nouveaux fronts» et à «attaquer la bourgeoisie». «Il faut nous remobiliser, reprendre le combat syndical» ont justement lancé à la salle communale Xavier Henauer pour Unia et Ana Paula Ferraz pour le SIT dans un discours syndical prononcé à deux voix. Les deux syndicalistes ont notamment plaidé pour la réduction du temps de travail, «une revendication syndicale historique et fondamentale». «Il faut reprendre le cours de l’histoire, stoppé net il y a trente ans. Réduire la durée de travail, c’est non seulement mieux partager les gains de productivité, c’est aussi mieux partager le travail lui-même. C’est créer de l’emploi, à l’heure où des milliers d’entre eux sont en train de disparaître ou menacés de l’être», a dit la militante du SIT. Il y a aussi «urgence à protéger la liberté d’expression et d’organisation syndicale au sein des entreprises, urgence démocratique à mieux protéger les salariés contre les licenciements», a, de son côté, souligné le président d’Unia Genève. La manifestation s’est conclue par des concerts et autour d’un verre.

Texte JB - Photo TP


NEUCHÂTEL: UNION SACRÉE

Cortège à La Chaux-de-Fonds.


Mobilisation marquée pour le 1er Mai dans le canton de Neuchâtel. Selon le décompte des organisateurs, 400 personnes ont défilé à La Chaux-de-Fonds derrière la banderole «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous», tandis que 200 manifestaient à Neuchâtel et Fleurier. Avec la soirée de samedi à la salle Ton sur Ton de la Métropole horlogère, où le public a assisté à des concerts et un spectacle de Thierry Meury, le week-end militant a rassemblé plus de mille personnes. Dans le Val-de-Travers, Martine Docourt, co-présidente des Femmes socialistes suisses, a fustigé l’élévation de l’âge de la retraite. «Que le camp bourgeois se le dise: nous ne lâcherons rien! Et nous ferons échouer AVS21 qui veut se faire sur le dos des travailleurs et des femmes», a lancé la députée. La gauche et les Verts ont aussi profité du 1er Mai pour défendre l’initiative du POP «Pour une fiscalité équitable», qui propose d’augmenter l’impôt des personnes possédant plus de 500000 francs de fortune.

Texte JB - Photo Unia


JURA - POUR UN MONDE VIABLE À LONG TERME

Cortège à Moutier


A Moutier, la Fête du travail a réuni plusieurs centaines de personnes dans un cortège qui a défilé dans les rues de la ville pour rejoindre la Sociét'Halle. A la tribune, le jeune élu Vert du Parlement local prévôtois, Léonard Paget, a notamment souligné que la bataille pour l'écologie ne devait pas se mener au détriment des classes populaires et que, face aux défis environnementaux, le «modèle capitaliste n'est pas viable à long terme». Pour sa part, l'infirmière jurassienne Fanny Portenier a rappelé que «la marchandisation de notre système de santé ne peut plus continuer». Elle a plaidé l'urgence d'agir pour la revalorisation des salaires du personnel de santé et pour des conditions de travail acceptables.

Texte et photo PN


FRIBOURG - NON AU TRAVAIL JUSQU'À LA MORT

Cortège à Fribourg.


«Travailler jusqu’au tombeau: 65 ans c’est toujours Non!»: Célébrée la veille dans les rues de Fribourg, la Fête du travail a permis à plus de 250 participants de manifester leur ferme opposition à AVS21 au travers d’une action symbolique. Un cortège qui s’est déroulé dans une joyeuse ambiance de retrouvailles après les limitations antérieures dictées par la pandémie. Le rassemblement aura aussi fait la part belle à des prises de paroles de militants syndicaux exposant les autres luttes en cours notamment dans le secteur de la construction et sur le front des salaires.

Texte SM - Photo USS

Pour aller plus loin

Pause café militante avec Pascal Greffet

Horloger tout juste retraité, Pascal Greffet a longtemps été un délégué syndical très actif au sein d’Unia.

Le Conseil fédéral sommé d’agir contre les licenciements abusifs et antisyndicaux

Vania Alleva et les syndicalistes d'Unia à Berne.

Une délégation de syndicalistes a rencontré lundi 12 août le conseiller fédéral Guy Parmelin pour l’exhorter à reprendre en main la problématique des licenciements antisyndicaux...

«J’ai exercé le plus beau métier du monde»

Aldo Ferrari s'exprime sur son parcours professionnel.

Après trois décennies ou presque d’activité syndicale, Aldo Ferrari vient de prendre sa retraite. Interview

Un prix de recrutement remis à un électro neuchâtelois

Vania Alleva accompagné de l'électricien ayant reçu le prix

Le militant a reçu le premier lot du concours d'Unia «Les membres recrutent des membres»