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Fribourg: vers des transports publics à l’œil?

Bus fribourgeois.
© Olivier Vogelsang

La gratuité des transports publics permettrait une diminution du nombre de voitures au centre-ville et offrirait un accès plus égalitaire aux personnes à revenu modeste.

Une initiative populaire cantonale lancée par les sections «jeunes» de différents partis de gauche vise à rendre gratuits les transports publics à Fribourg. Arguments

Les habitants du canton de Fribourg pourront-ils demain voyager gratuitement dans les transports publics? C’est en tout cas le souhait des sections fribourgeoises des Jeunes Verts, des Jeunes Pop, des Jeunes Solidarités et des Jeunesses socialistes qui récoltent depuis le mois de septembre des signatures dans ce sens. Le 3 décembre prochain, ils devront pouvoir compter sur 6000 paraphes valides pour que la population ait la possibilité de se prononcer sur la question. Un exercice difficile en ces temps de crise sanitaire et de renforcement des mesures restrictives visant à limiter la propagation de la pandémie. «Les rues sont souvent désertes. La plupart des événements annulés. Chacun est appelé à éviter les contacts superflus. C’est très compliqué. Dans ce contexte, nous allons demander que le délai soit gelé et reporté», précise Léo Tinguely, président des Jeunesses socialistes fribourgeoises. Dans l’intervalle, la démarche néanmoins se poursuit. Pour convaincre les habitants du bien-fondé de leur entreprise, l’alliance – qui bénéficie entre autres du soutien d’Unia et de la Grève du climat – fait valoir des arguments écologiques, sociaux, sanitaires et économiques.

Ecologique et social

Sur le front environnemental, les auteurs du texte misent sur la gratuité des transports publics pour contribuer à réduire le trafic automobile et, partant, diminuer la pollution de l’air. «En 2018, près de 16 millions de tonnes de CO2 ont été émises par les carburants, dont près des trois quarts par les voitures de tourisme, alors qu’en moyenne, ces dernières ont une occupation de 1,56 personne», chiffrent-ils. La ville d’Aubagne, en France, qui a opté pour la solution défendue, est citée en exemple: «L’augmentation de fréquentation des bus a été de 170%, dont 63% au détriment de la voiture, cinq ans après l’entrée en vigueur de la gratuité des transports publics. Cela représente une diminution de 15% à 20% des voitures en centre-ville.» A la nécessaire transition écologique impliquant un changement de nos habitudes en matière de déplacement, les initiants ajoutent l’aspect social de leur proposition. «Elle favoriserait l’égalité sociale dans un contexte où la précarité s’est accrue à cause du Covid-19.» Les ménages subissant de plein fouet les effets de la crise sanitaire et, en particulier, ceux à revenus modestes verraient ainsi leurs dépenses allégées, le prix des déplacements restant restrictif pour une partie de la population.

Payé par l’impôt général

«En 2009, 76% des Fribourgeois trouvaient les transports publics trop chers et leurs coûts ont encore augmenté depuis.» Si aujourd’hui, la peur du Covid-19 entraîne parfois une baisse des usagers, Léo Tinguely ne l’a pour sa part pas constatée. Et rappelle justement la pertinence de l’initiative pour les personnes à bas salaires mises particulièrement sous pression par la crise. Le facteur d’intégration figure aussi au rang des avantages formulés, notamment des personnes âgées. En ce qui concerne la santé, la réduction des particules fines, des nuisances sonores ainsi que des accidents de la route pèseraient aussi en faveur de la démarche. «En Suisse, on compte chaque année 2200 décès prématurés et 12000 cas de bronchite aiguë chez les enfants dus à la pollution de l’air.»

Le volet économique n’est pas oublié. Les initiants estiment que la gratuité est tout à fait réalisable, soulignant que «deux tiers des coûts des transports sont aujourd’hui déjà subventionnés». «Le surcoût occasionné, qui ne représenterait environ que 0,4% du PIB cantonal, serait payé par l’impôt général.» Une proposition induite par la nécessaire unité de matière, même si l’alliance espère qu’une autre solution soit décidée en cas d’acceptation.

Des économies en vue

«On pourrait puiser dans la fortune du canton ou financer l’application de l’initiative par une augmentation d’impôt sur les successions, sur la fortune ou les hauts revenus», indique Léo Tinguely. La fin des automates à billets, des charges administratives et de celles liées aux contrôles représenteraient par ailleurs une économie de 5,3 millions de francs, peut-on encore lire dans l’argumentaire. Qui souligne par ailleurs un meilleur rapport coûts et occupation des transports. «Le coût réel d’un trajet serait fortement diminué grâce à l’augmentation de fréquentation.» L’accroissement nécessaire de l’offre permettrait par ailleurs de créer de nouveaux emplois. Et la facture relative aux problèmes de santé liés à la pollution – 6,5 milliards de francs chaque année selon les initiants – et aux accidents de voiture (9 milliards de francs de dépenses annuelles, toujours selon cette même source) diminuerait. Enfin, d’un point de vue touristique, l’attractivité du canton serait renforcée...

Si l’initiative aboutit, il faudra au minimum une année avant qu’elle ne soit soumise au verdict des urnes.

La feuille de signatures de l’initiative est téléchargeable sur le site: tpf-gratuits.ch/materiel

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