Une trentaine d’ouvriers travaillaient à la rénovation de l’Hôtel Bernina dans des conditions d’hygiène inadmissibles
Unia Genève a fait fermer le 16 juillet le chantier de rénovation de l’Hôtel Bernina. A l’aube, des syndicalistes ont barré les accès à cet immeuble sis en face de la gare Cornavin et propriété de l’Hospice général, accrochant sur l’échafaudage une banderole flanquée des mots «Chantier indigne! Hygiène indigne!».
«Nous bloquons ce chantier pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs», a expliqué peu après José Sebastiao, le responsable du secteur construction d’Unia Genève, au cours d’un point presse. Ce chantier étant encombré de gravats rendait périlleux les déplacements dans les escaliers et sur l’échafaudage; en outre, les trente ouvriers s’activant sur le site étaient forcés de prendre leur pause déjeuner au milieu des débris, des détritus et de la poussière, a dénoncé, photos à l’appui, le syndicat. «Ce sont des conditions misérables, même les rats n’entrent pas là-dedans», s’est indigné le secrétaire syndical. Devant la gravité des faits, un contrôleur de l’Inspection paritaire des entreprises appelé sur place a contacté l’inspection des travaux du Département du territoire. En moins de dix minutes de visite, ce dernier a fait fermer le chantier. «Il a dit qu’il n’avait jamais vu ça», confie la secrétaire syndicale Camila Aros qui l’a suivi dans l’immeuble. «Les toilettes sont, par exemple, dans un état innommable, mais le plus dangereux, à mon avis, est l’échafaudage, qui, obstrué de débris, ne permet pas de progresser.» L’inspecteur de chantier a prescrit de dégager et de nettoyer tout cela, d’installer des toilettes salubres, de mettre en conformité l’éclairage, car des ampoules pendouillaient à hauteur d’homme et, enfin, de séparer les espaces pour se changer, prendre des pauses et stocker du matériel.
Pas d’excuse...
«Les règles imposent 1 m2 par personne pour se changer et un autre 1 m2 séparé pour les pauses», indique Blaise Ortega, le responsable du secteur de la métallurgie du bâtiment d’Unia Genève, qui se désole que Batineg, l’entreprise chargée de la direction des travaux, n’ait pas installé des baraques dans la rue. «Utiliser des places de parking à cet effet ne coûte que 15 francs par jour.»
«On a des problèmes sur ce chantier pour déblayer les débris comme on le souhaite», tente de se justifier le représentant de la société vaudoise rencontré sur place, avant de reconnaître: «Il est vrai que nous n’avons pas d’excuse.»
«Il est inadmissible que les entreprises laissent les ouvriers dans ces conditions et c’est encore plus inadmissible quand il s’agit d’un chantier public. Si nous sommes satisfaits de la réactivité du Département du territoire dans ce cas, on reste mécontent de la façon dont l’Etat gère ses chantiers», relève José Sebastiao. «Il n’est pas normal que nous soyons obligés d’intervenir pour bloquer un chantier, ce n’est pas le job des syndicats», ajoute Blaise Ortega.
Finalement, il a fallu quatre jours aux nettoyeurs de chantier pour tout poutzer. «C’est le jour et la nuit, on peut désormais marcher sans risquer de se prendre les pieds dans un câble ou de tomber dans un trou», relate le secrétaire syndical qui est allé faire un tour sur les lieux. Il prévoyait d’y retourner cette semaine pour faire le point avec les ouvriers. «J’ai déjà reçu plusieurs courriels d’ouvriers qui nous remercient. Les actions que nous menons depuis quelques semaines sur les chantiers genevois débouchent sur des résultats concrets.»