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«Il faut arrêter le massacre»

L’USS s’est adressée au Conseil fédéral pour qu’il «joigne sa voix à toutes celles qui demandent un cessez-le-feu et qu’il l’exprime avec le plus de force possible», explique son président, Pierre-Yves Maillard. Photo: manifestation du 23 mars à Lausanne.
© Thierry Porchet

L’USS s’est adressée au Conseil fédéral pour qu’il «joigne sa voix à toutes celles qui demandent un cessez-le-feu et qu’il l’exprime avec le plus de force possible», explique son président, Pierre-Yves Maillard. Photo: manifestation du 23 mars à Lausanne.

Dans un courrier, l’Union syndicale suisse interpelle Ignazio Cassis: le Conseil fédéral doit s’engager activement pour un cessez-le-feu durable à Gaza et le respect du droit humanitaire

Le Conseil fédéral doit «s’engager immédiatement en faveur de la population civile palestinienne à Gaza». Dans un courrier adressé la semaine dernière à Ignazio Cassis, l’Union syndicale suisse (USS) rappelle au conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères que, malgré l’injonction de la Cour internationale de justice (CIJ), Israël «n’a pris aucune mesure pour garantir une aide humanitaire adéquate» et a, au contraire, poursuivi ses attaques militaires. La faîtière syndicale demande au ministre et au gouvernement d’œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et d’une levée du blocus permettant l’envoi massif d’aide à la population. Et de veiller à ce que le gouvernement israélien respecte ses obligations de droit international, les prescriptions de la CIJ et les décisions de l’ONU. Trois questions à Pierre-Yves Maillard, président de l’USS.

Pourquoi cette démarche de l’USS auprès du Conseil fédéral?
Lors de notre dernière assemblée des délégués, en décembre, nous avons adopté une résolution exprimant notre horreur et notre condamnation de l’attaque du 7 octobre, lors de laquelle des Israéliens et des Israéliennes ont été tués, blessés, violés ou pris en otage, ainsi que de la réaction disproportionnée de l’Etat hébreu. Depuis lors, des membres de syndicats et des sections syndicales nous ont invités à rappeler cette position et à la faire connaître. Nous nous sommes dit qu’un courrier au Conseil fédéral serait une bonne chose. Même si, évidemment, nous sommes lucides sur le fait que ce n’est pas l’USS qui va peser très lourd, ni malheureusement la Suisse, lorsqu’on voit que même une résolution des Nations Unies a de la peine à freiner l’armée israélienne.

La lettre n’évoque pas de possibles crimes contre l’humanité ou de crime de génocide, pourquoi ce ton mesuré?
Cela ne nous appartient pas de porter des jugements de ce type. Nous prenons position pour un cessez-le-feu immédiat, nous demandons l’arrêt des tueries. Je crois que c’est ce qu’il faut faire. Il y aura un temps pour les enquêtes et d’éventuelles condamnations. Pour le moment, ce qui est vraiment urgent, c’est qu’on arrête le massacre et que la population civile reçoive de l’aide humanitaire.

Les unions syndicales cantonales de Genève et de Neuchâtel ont voté des résolutions demandant l’arrêt de la collaboration militaire entre la Suisse et Israël, qu’en pensez-vous?
Il faut veiller à toujours s’exprimer avec le souci d’être représentatif de tous nos membres. Nous avons une résolution votée par l’assemblée des délégués et c’est dans ce cadre-là que nous agissons. Après, les membres, les syndicats eux-mêmes peuvent prendre des positions différentes. Ce qui nous importe au niveau de l’USS, c’est de faire connaître ce texte, nous nous concentrons sur un appel à un cessez-le-feu le plus rapide possible, nous voulons que le Conseil fédéral joigne sa voix à toutes celles qui le demandent et qu’il l’exprime avec le plus de force possible, c’est cela notre message.


«Les syndicats peuvent et doivent mobiliser»

Depuis l’automne, plusieurs instances syndicales ont adopté des résolutions exigeant un cessez-le-feu et le respect du droit humanitaire. Voire l’arrêt de la coopération militaire avec Israël, à l’instar de l’Union syndicale cantonale neuchâteloise, dont nous avons publié dans notre dernière édition la résolution qui s’inspirait d’un texte de la Communauté genevoise d’action syndicale. En marge des manifestations de soutien à la population de Gaza, un «réseau de syndicalistes pour un cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine»* s’est par ailleurs constitué et un appel a été lancé. «Cent cinquante syndicalistes de l’USS, de Travail.Suisse et de Syndibasa l’ont signé», indique Mickaël Béday, éducateur dans le canton de Vaud et cheville ouvrière du regroupement. Une délégation a pu s’entretenir avec Pierre-Yves Maillard pour défendre l’idée de concrétiser la prise de position de l’USS par des actions. Membre actif du réseau et journaliste au quotidien Le Courrier, Roderic Mounir salue aujourd’hui la lettre envoyée par l’USS. «Même si nous pouvons regretter que cette démarche arrive tardivement et soit si timide. Elle ne s’accompagne pas d’une conférence de presse ni d’un appel public. Les syndicats peuvent et doivent mobiliser leurs bases et participer aux manifestations aux côtés du mouvement social.» Mickaël Béday et Roderic Mounir promettent de continuer de s’engager en ce sens. «Si un cessez-le-feu pouvait être obtenu, souligne ce dernier, il faut s’opposer à tout déplacement de population, dénoncer la colonisation et toutes les violations des droits humains dont sont massivement victimes la population et les travailleurs.»

* Pour obtenir des informations, signer l’appel ou rejoindre le réseau: cessez-le-feu [at] hotmail.com (cessez-le-feu[at]hotmail[dot]com)

Lausanne, 23 mars. Photo Luca Solari
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