Jura: l’égalité salariale bientôt en votation
La population jurassienne se prononcera, le 13 juin prochain, sur l’initiative cantonale en faveur de l’égalité salariale lancée par Unia Transjurane. La campagne a démarré le 8 mars
Les dates symboliques balisent la démarche d’Unia Transjurane. Le 8 mars, le syndicat a lancé sa campagne en faveur de l’acceptation de son initiative «Egalité salariale? Concrétisons!» réclamant l’instauration de mesures effectives dans ce sens. Et a tenu un stand à la gare de Delémont pour informer la population sur le sujet. «Nous avons reçu un très bon accueil des passants. Il s’agit d’une problématique très importante concernant 46% des personnes actives subissant ni plus ni moins que du dumping. Les femmes gagnent toujours, pour un même travail, 20% de moins que les hommes», souligne Patrick Cerf, coresponsable du Groupe Egalité d’Unia Transjurane. Cette Journée internationale pour les droits des femmes avait aussi été choisie pour la remise, en 2018, du texte muni de 3500 signatures au lieu des 2000 nécessaires, prouvant l’intérêt pour la question. Depuis, Unia a maintenu la pression, en particulier lors de l’anniversaire de la Grève féministe le 14 juin dernier. Hasard du calendrier des votations, la population jurassienne se prononcera sur cet objet la veille de cet événement, le 13 juin prochain. Dans l’intervalle, Unia Transjurane continue d’affûter ses armes pour tenter de convaincre les citoyens de glisser un oui dans les urnes. «Les femmes n’attendront pas encore des années pour faire valoir leurs droits. Les autorités politiques et économiques n’ont toujours pas pris la mesure de l’importance de leurs revendications.»
Outil supplémentaire
Depuis le raz-de-marée rose-violet féministe, Unia Transjurane estime en effet que rien n’a bougé ou presque. L’organisation ne croit pas à l’efficacité de la révision fédérale sur l’égalité, entrée en vigueur «dans le plus grand silence le 1er juillet dernier», pour changer la donne. «C’est un pas... de souris. Une loi qui, en ne prévoyant ni contraintes ni sanctions, ne respecte pas les femmes», commente Patrick Cerf. Si la pandémie de coronavirus aura eu au moins le mérite de mettre en lumière le travail essentiel des soignantes, vendeuses, nettoyeuses ou encore des mamans en période de semi-confinement, l’heure de passer aux actes, insiste le syndicat, a sonné. «Applaudissements, remerciements, manifestations de solidarité et de bienveillance ne suffisent plus. Le peuple jurassien peut aujourd’hui agir et rectifier les discriminations subies par les travailleuses» déclare en substance Unia Transjurane, rappelant que l’égalité salariale est un droit et une obligation pour les entreprises publiques et privées. Que rien ne justifie les différences en vigueur, «si ce n’est l’exploitation économique des femmes... parce qu’elles sont des femmes!» Bien que, dans le canton, un salaire horaire minimum ait été introduit, Patrick Cerf n’y voit pas de doublon. «Notre initiative constitue un outil supplémentaire. L’accepter sera aussi bénéfique en matière de cotisations sociales. Ces combats sont transversaux comme celui que nous menons encore en faveur de AVSx13.»
Aussi une affaire d’hommes
La campagne entamée par Unia Transjurane sera surtout menée sur le terrain. «Nous rencontrerons les travailleuses à leur poste: dans les magasins, les entreprises de nettoyage, les restaurants bientôt, les ateliers, mais aussi dans la rue et dans le cadre de comités militants.» La démarche impliquera aussi la gent masculine. «L’égalité, c’est aussi une affaire d’hommes. Nous avons besoin d’une prise de conscience générale et de solidarité.» Les pronostics de Patrick Cerf sur le scrutin? «Le Jura est une entité progressiste. Il élit à droite et vote à gauche. J’ai bon espoir que l’initiative, qui bénéficie d’un fort capital sympathie, soit plébiscitée. Que le Jura joue un rôle de locomotive et serve de modèle à d’autres cantons.»