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La Bolivie brûle

Le Gouvernement bolivien a déclaré l’urgence nationale ainsi que l’état de catastrophe naturelle. En cause? Les feux de forêt inédits qui ravagent la région, notamment le département de Santa Cruz à l’est du pays. Au total, près de quatre millions d’hectares ont été emportés par les flammes. Selon les autorités locales, il s’agirait de la plus grande catastrophe environnementale de leur histoire. Les fumées toxiques rendent l’air irrespirable, contraignant les habitants à se confiner ou à se masquer pour sortir de chez eux. Le ciel n’a plus été bleu depuis des semaines. Les avions restent cloués au sol, faute de visibilité. Les écoles sont fermées. Quant aux animaux, sauvages et d’élevage, ils périssent par milliers, calcinés. Quatre millions d’hectares, c’est quatre fois plus que l’ensemble des dommages causés par les feux de l’été 2022 dans toute l’Union européenne, alors que le territoire bolivien est quatre fois plus petit.

Hélas, les incendies sont monnaie courante à cette période de l’année en Amérique du Sud. Ce n’est pas une surprise. Mais l’ampleur qu’ils prennent cette année n’est, elle, pas commune. La sécheresse historique que connaît le pays depuis un an est évidemment propice à cette situation. La faute au réchauffement climatique et notamment au phénomène El Niño, qui a frappé l’année dernière et qui a fait monter la température globale. Mais il n’y pas que ça. L’action humaine est grandement à l’origine du problème. Ces incendies se révèlent pour la plupart criminels, provoqués illégalement pour raser les terres dans le but d’en faire des plantations agricoles. Cette déforestation est loin d’être une nouveauté non plus, et nous en sommes complices. Car ces terres, une fois dépeuplées de leurs arbres, serviront à faire pousser du soja pour nourrir du bétail qui finira dans notre assiette. 

Ailleurs, d’autres parcelles cultivables auront pour vocation de produire des biocarburants, dont la première usine a été inaugurée en mars dernier à Santa Cruz. Cet énième scandale environnemental n’a d’écolo que son nom. Concrètement, les industriels privent les petits paysans de leurs terres pour installer des monocultures de plantes sucrières ou autres oléagineuses qui seront transformées pour en faire du biocarburant que nous pomperons, fièrement, à la station-service, convaincus d’avoir fait un geste pour la planète. Les choses ne vont pas aller en s’améliorant, le président Luis Arce et son gouvernement voyant en la déforestation un moyen pour le pays de se développer. En témoignent les chiffres: alors que le Brésil et la Colombie ont respectivement diminué les pertes de forêts primaires de 36% et de 49% entre 2022 et 2023, la déforestation a augmenté de 27% en Bolivie. Bref, l’Amazonie brûle pour satisfaire nos besoins et nous, on baisse les yeux.