La CCT des échafaudages prend de la hauteur
Le renouvellement de la Convention collective de la branche introduit des éléments innovants
Les échafaudeurs ont une nouvelle convention collective (CCT) et elle est des plus progressistes. Les représentants des syndicats Unia et Syna, ainsi que de la Société des entrepreneurs suisses en échafaudages se sont mis d’accord pour renouveler ce contrat collectif, qui bénéficie à près de 2400 travailleurs dans 284 entreprises (chiffres de 2018), et pour y introduire des éléments innovants.
Le nouveau texte est en effet rédigé en langage épicène, il reconnaît le partenariat enregistré et accorde cinq jours de congé paternité. «Nous avons féminisé chaque fonction et terme, c’est à ma connaissance la première CCT rédigée en termes inclusifs», se félicite François Clément. Le responsable de la branche pour Unia reconnaît que l’on dénombre certes peu de femmes sur les échafaudages, «moins d’une dizaine pour toute la Suisse». «Si elles forment une infime minorité, c’est aussi parce qu’on ne leur a pas ouvert la porte. L’idée est de montrer que la branche est portée sur l’égalité entre les genres, et nous pouvons espérer que, dans le futur, les femmes y soient plus nombreuses. C’était une proposition d’Unia et nous n’avons pas eu à insister. La nouvelle CCT reconnaît aussi l’égalité des différents types d’union en élargissant les congés en cas de décès aux couples en partenariat enregistré. A l’heure actuelle, la loi ne reconnaît pas le mariage des personnes du même sexe, mais les conséquences face à un deuil sont pourtant les mêmes pour tous et toutes.» La CCT accorde ainsi trois jours pour un décès dans la famille.
Congé paternité de cinq jours
Dans le même élan, les partenaires sociaux ont convenu de faire passer le congé paternité de deux à cinq jours. Il faut noter que la discussion portant sur ce sujet a été menée avant que le Parlement prenne en septembre sa décision sur un congé paternité de dix jours. «Nous nous sommes dit que, quoi qu’il arrive, nous aurions au moins un congé de cinq jours dans l’échafaudage. Ce congé entrera en vigueur le 1er avril, comme un dispositif transitoire en attendant la Loi fédérale. C’est un geste dans la bonne direction, qui montre que les entreprises sont prêtes au changement, contrairement à ce que voudraient laisser croire les référendaires», explique François Clément.
Les aides-monteurs passeront monteurs
Autre point important: la nouvelle CCT rend obligatoire le passage des aides-monteurs au statut de monteur en échafaudage après trois ans d’emploi. Une formation sera en outre délivrée par les partenaires sociaux. «Cette mesure a pour but de faire barrage au dumping salarial, à la sous-traitance déloyale et à la sous-qualification du personnel sur les chantiers. Elle poussera les entreprises à former les employés et empêchera certains employeurs, qui ont tendance à jouer la concurrence déloyale, de maintenir au statut d’aides-monteurs des ouvriers à l’expérience professionnelle solide. Les conditions de travail dans la branche seront améliorées et les salariés correctement rémunérés pour leur expérience. Passer de la catégorie d’aide-monteur à monteur représente une différence salariale mensuelle de 220 francs en tenant compte du treizième salaire prévu par la CCT, ce qui n’est pas négligeable», souligne le responsable de la branche. Le salaire minimum des aides-monteurs est aujourd’hui fixé à 4293 francs.
Relevons que le montant des salaires est discuté d’année en année, le résultat des négociations pour 2020 devrait être connu ces prochaines semaines. L’année passée, les syndicats avaient obtenu une augmentation générale de 50 francs par mois et une revalorisation de 100 francs des rémunérations des aides-monteurs et de 78 francs des chefs d’équipe détenteurs d’un certificat.
Pour finir, les partenaires sociaux ont convenu de déployer le système de badge SIAC/SIAB dans les entreprises d’échafaudage afin de lutter efficacement contre la fraude. La caution obligatoire à déposer par les entreprises auprès de la Commission paritaire passera de 10000 à 20000 francs. Et, pour renforcer la sécurité, des sanctions pourront être imposées lorsque des employés ne portent pas les équipements de protection.
«Tous les partenaires peuvent être satisfaits, conclut François Clément. Nous avons une CCT modernisée, qui nous permet d’aller de l’avant et qui constitue même un motif de fierté.»