La gauche fribourgeoise en a ras-le-bol que la police remplisse ses caisses sur le dos des manifestants
Organiser des rassemblements dans le canton de Fribourg coûte un bras, car les pouvoirs publics exigent des émoluments exorbitants. Une motion réclame leur abolition
Dans le canton de Fribourg, organiser un rassemblement ou un défilé dans la rue n’est pas gratuit et peut, au contraire, coûter fort cher. Le collectif Solidarité Palestine a dû ainsi s’acquitter de 1380 francs à la police cantonale et de 549,25 francs à la commune de Fribourg pour une manifestation en novembre dernier. Le 16 mars rebelotte, le collectif a été obligé de sortir deux billets de mille pour exprimer son indignation contre l’intervention israélienne et témoigner de sa solidarité avec Gaza. A chacune de ses manifestations, la Grève féministe a, de son côté, été ponctionnée de 1500 francs par les pandores. Auxquels s’ajoutent 500 francs à chaque fois pour l’utilisation de la place Python. Ce qui n’a pas dispensé les féministes de devoir mettre sur pied un service d’ordre ni de souscrire à trois reprises une assurance RC se montant en moyenne à 360 francs. De quoi faire réfléchir avant de lancer un appel à manifester. Dans ce contexte, une coalition réunissant partis de gauche, organisations progressistes et syndicats, dont Unia, s’est créée pour exiger des autorités le respect du droit de manifester. Ce qui passe, en premier lieu, par l’abolition des émoluments de police. Les députés Alexandre Berset (Les Verts) et Grégoire Kubski (PS) ont déposé au Grand Conseil une motion en ce sens. En outre, les membres de la coalition ont décidé de contester systématiquement ces factures. «Les différentes organisations syndicales et politiques doivent faire face à de nombreuses chicanes visant à rendre impossible l’exercice des droits politiques: factures excessives pour les manifestations, amendes absurdes et tentatives d’intimidation à travers des procédures pénales basées sur du vent, souligne François Clément, secrétaire régional d’Unia Fribourg. Le fondement de la paix sociale dans une démocratie repose sur le fait que l’on reconnaît aux uns et aux autres le droit de faire entendre publiquement leurs opinions, leurs désaccords et leurs revendications, pour autant que les moyens utilisés soient pacifiques. Ainsi, la longue et solide tradition de partenariat social dans notre pays est directement liée à la possibilité pour les travailleurs et les travailleuses du pays de se faire entendre à travers des manifestations dans l’espace public. Limiter ce droit, d’une quelconque manière, met, de fait, en danger notre démocratie.»