Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

La mécatronique genevoise a une nouvelle CCT

Charles-Henri Martin, mécanicien de machines et président du comité des métaux et de la mécatronique d’Unia Genève, et Jean-Marc Boisson, technicien méthodes, commentent le résultat des négociations auxquelles ils ont pris une part active.
© Olivier Vogelsang

Charles-Henri Martin, mécanicien de machines et président du comité des métaux et de la mécatronique d’Unia Genève, et Jean-Marc Boisson, technicien méthodes, commentent le résultat des négociations auxquelles ils ont pris une part active.

La convention collective de travail de la branche industrielle a été renouvelée, avec des améliorations à la clé, tandis que les salaires minimums sont augmentés de 4,5%

A Genève, la branche de la mécatronique dispose depuis le début de l’année d’une nouvelle convention collective de travail (CCT). Négocié par les partenaires sociaux, l’Union industrielle genevoise, d’un côté, et, de l’autre, Unia, le nouveau texte précise certaines dispositions et apporte quelques améliorations. Nous avons rencontré deux militants qui ont participé aux négociations pour le renouvellement.

«Nous avons donné un petit coup de jeune à la CCT et l’avons rendue plus précise», indique Charles-Henri Martin. Président du comité des métaux et de la mécatronique d’Unia Genève, ce mécanicien de machines travaille depuis 27 ans chez Niklaus LNI, la société connue pour fabriquer des accessoires pour l’industrie du luxe. L’article concernant les obligations de l’employeur a ainsi été passablement remanié. «Nous avons créé deux paragraphes consacrés à la protection de la santé et la sécurité au travail, ainsi qu’à la protection de la personnalité», explique Jean-Marc Boisson. Ce technicien méthodes chez le concepteur de capteurs LEM affiche, lui, 36 ans de boîte au compteur. Il a réalisé une synthèse des changements de la CCT qu’il a diffusée dans son entreprise.

«Un autre point important, c’est que nous avons pu étendre la protection des salariés les plus âgés. En cas de licenciement, les travailleurs à partir de 50 ans, au lieu de 55 ans, obtiennent un mois supplémentaire de délai de résiliation. J’ai un collègue en janvier qui a déjà été concerné.» Une disposition saluée par le secrétaire syndical d’Unia Genève en charge de l’industrie, Alejo Patiño: «Dans l’industrie, nous sommes de plus en plus confrontés aux licenciements des employés de plus de 50 ans, un mois supplémentaire, même si cela reste modeste, est un signal intéressant.»

Prise en compte des diplômes français

Toutes les revendications élaborées par le comité des métaux n’ont cependant pas passé la rampe. «Nous avions demandé un jour de congé supplémentaire, mais cela a été niet d’entrée. L’adaptation automatique des salaires a également été refusée. Et en 2023, nous avons eu zéro augmentation des salaires minimums», regrette Charles-Henri Martin.

Faute d’accord salarial avec les employeurs, Unia avait toutefois saisi la Chambre des relations collectives de travail (CRCT), car celle-ci avait imposé à la branche, après des cas de dumping salarial graves, un contrat-type de travail avec des salaires minimums impératifs. Ceux-ci ont été augmentés de 4,51% dès le 1er janvier 2024, un joli rattrapage.

«La grille des salaires minimums de la mécatronique est remarquable et unique en Suisse à ma connaissance avec une prise en compte de l’ancienneté et des diplômes français. Sur les parkings des entreprises, on voit que deux tiers des véhicules sont immatriculés en France, cette reconnaissance des certificats français permet d’améliorer les salaires des collègues frontaliers et de lutter contre le dumping», indique Alejo Patiño.

Charles-Henri Martin a participé à six négociations de CCT. «C’est toujours positif, même si on n’obtient pas tout ce qu’on veut», estime le mécanicien. «Sans CCT, nous travaillerions 45 heures et le samedi matin, je le dis parfois à des collègues pour les réveiller», souligne Jean-Marc Boisson. «Malgré une situation difficile, cette CCT continue à vivre et à s’améliorer, elle permet de maintenir un cadre correct pour les salariés de la branche et de combattre la sous-enchère», conclut Alejo Patiño. Pour la présenter aux salariés, le syndicat va organiser des tractages dans les entreprises et des réunions dans les quartiers en fin de journée.

Remboursement de la contribution de solidarité

Dans les entreprises signataires de la CCT de la mécatronique, une contribution dite de solidarité de 0,09% est perçue sur le salaire brut. Celle-ci sert notamment à assurer la formation et le perfectionnement professionnel ainsi qu’à promouvoir les métiers de la branche. Les membres d’Unia peuvent se faire rembourser ce prélèvement, l’employeur doit à cette fin délivrer une attestation (modèle disponible sur uig.ch) qui est à remettre ensuite au syndicat.

Pour aller plus loin

Pour la première fois, une augmentation générale des salaires chez Fenaco

Les négociations salariales chez Fenaco ont échoué. Après consultation des employés, les commissions du personnel et les syndicats Unia et Syna ont refusé l’offre de la direction...

«Il est urgent d’agir pour protéger les représentants du personnel»

Réunis à la Maison du peuple à Lausanne, les militants et les militantes de plusieurs entreprises de l’Arc lémanique ont abordé de nombreuses questions les préoccupant.

L’assemblée des militants de l’industrie de l’Arc lémanique d’Unia s’est réunie dernièrement pour faire le bilan de l’année écoulée, parler des retraites mais aussi du licenciement de l’un des leurs

Des salaires à la hausse dans l’industrie MEM

Les salaires minimums de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (industrie MEM) seront augmentés de 1,7% dès le 1 er janvier 2024. Comme le prévoit la...

Saint-Gall: Dégradation des conditions de travail à SFS

Le groupe industriel SFS a demandé à une partie de ses collaborateurs de travailler davantage sans compensation salariale et a supprimé cinq jours de vacances