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La mobilisation va se poursuivre

Un verrou a sauté. L’âge de la retraite en Suisse pourra désormais allègrement s’aligner sur celui d’autres pays européens, tels que l’Allemagne ou l’Italie où il est déjà fixé à 67 ans. Un verrou a sauté pour malheureusement quelque 32000 petites voix. En acceptant la réforme AVS 21, la majorité des citoyens helvétiques a décidé que l’âge de la retraite, fixé à 65 ans pour toutes et tous, n’était plus gravé dans le marbre de la loi. Que les travailleurs les plus pauvres pourront travailler encore et encore, jusqu’à 70 ans, pour combler leurs lacunes de cotisations. C’est la porte ouverte à toutes les autres contre-réformes se préparant dans les couloirs du Palais fédéral, avec notamment l’initiative des jeunes libéraux-radicaux qui prévoit d’augmenter l’âge de la retraite de toutes et de tous en fonction de l’espérance de vie. Sauf qu’après ce vote du 25 septembre 2022, les femmes aux métiers pénibles, en travaillant un an de plus dans la vente, le nettoyage, les soins ou encore la restauration, verront leur espérance de vie en bonne santé diminuer d’autant.

Un verrou a aussi sauté vers le démantèlement de l’AVS, alors que notre assurance sociale et solidaire devrait au contraire redevenir le pilier essentiel de nos retraites. Ce qui est de moins en moins le cas. Les rentes ne suffisent pas pour vivre et les femmes n’ayant pas de 2e pilier, soit un tiers des retraitées, n’ont d’autre choix que de faire appel aux prestations complémentaires.

Après cet échec du Non à AVS 21, syndicats et collectifs féministes ont remis sur le devant de la scène la question de l’égalité salariale, bloquée par un patronat arrogant et une droite bourgeoise qui a eu le culot de nous bassiner, durant toute la campagne sur AVS 21, avec ses appels à l’égalité et à la solidarité intergénérationnelle. De beaux principes quand il s’agit d’accroître encore plus les écarts sociaux qui ne sont pas près de diminuer. En témoigne l’opposition du patronat, et même de gouvernements cantonaux, à l’indexation pleine et entière des salaires au renchérissement, et leur volonté de flexibiliser encore davantage le travail.

L’échec de dimanche a été un électrochoc. Il est nécessaire maintenant de faire sauter d’autres verrous, ceux mis en place par ces mêmes partis de droite et patrons empêchant le respect de l’égalité salariale et de l’égalité des droits dans le 2e pilier. Les syndicats appellent d’ores et déjà à se mobiliser en vue de la nouvelle grève féministe prévue le 14 juin 2023, quatre ans après celle qui a mis dans les rues de Suisse un demi-million de femmes. Pour faire sauter les verrous patronaux et de la droite, l’unité entre travailleuses et travailleurs est plus nécessaire que jamais. La campagne contre AVS 21 a certainement pâti de l’idée, parfois martelée, qu’il s’agissait d’une affaire de femmes. Non, AVS 21, comme l’égalité salariale, n’est pas qu’une affaire féminine. Elle concerne tous les travailleurs.

A quelques mois de la nouvelle grève pour l’égalité, il faut renouer avec la décision prise par le congrès de femmes de l’USS en 2018. A l’unanimité, les déléguées avaient appelé la faîtière syndicale à préparer une mobilisation massive jusqu’à une nouvelle grève des femmes, appuyée par l’ensemble des salariés, le 14 juin de l’année suivante. Pour que la grève des femmes de 2023 soit un succès, elle devra se préparer sur les lieux de travail et, surtout, dans l’unité face aux exploiteurs et aux nantis.