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«La reconversion éco-sociale de l’économie est nécessaire»

Greta Thunberg à Lausanne lors d'une manifestation de la Grève du climat.
© Neil Labrador

Le 17 janvier 2020, Greta Thunberg était présente à Lausanne lors d’une des dernières grandes manifestations de la Grève du climat. Une année après, Covid oblige, les militants ont dû adapter leurs moyens de lutte. Mais des actions se préparent le 21 mai prochain avec les militants climatiques, féministes et syndicalistes.

Le collectif neuchâtelois de la Grève pour l’avenir a organisé une conférence en ligne sur le thème du monde du travail face à la crise climatique

Le 17 janvier 2020, Greta Thunberg manifestait à Lausanne avec les militants suisses de la Grève du climat. Une année plus tard, les rues sont vides, mais les réflexions et la convergence des luttes avancent. Dans l’optique de la Grève pour l’avenir prévue le 21 mai 2021, des assemblées populaires devaient s’organiser un peu partout en Suisse le dimanche 17 janvier. Or, les mesures sanitaires en ont décidé autrement. En Suisse romande, à l’initiative du collectif Grève pour l’avenir Neuchâtel, une conférence intitulée «Monde du travail et crise climatique. Risques, défis et opportunités» a eu lieu par internet avec Martine Docourt, responsable nationale du département politique du syndicat Unia, et David Dräyer, formateur et coach en gouvernance partagée. Des interventions suivies d’une discussion.

Reconversion

En préambule, Martine Docourt a souligné l’importance de s’unir face à une crise climatique qui va toutes et tous nous affecter que ce soit dans nos façons de travailler, de consommer, de se déplacer, de se loger. «Il est primordial pour les syndicats de participer à ce mouvement pour faire le lien entre les défis écologiques et sociaux. La reconversion éco-sociale de l’économie est nécessaire et des mesures fortes pour le climat doivent être mises en œuvre, mais pas au détriment des travailleuses et des travailleurs. La redistribution des richesses est essentielle.» La responsable syndicale fait valoir le potentiel de nouveaux emplois durables, notamment dans la rénovation des bâtiments avec le déploiement des énergies renouvelables, mais aussi les postes menacés. Elle précise: «Supprimer les combustibles fossiles induit des mesures spécifiques, de formation et de reconversion, à l’échelle d’un secteur ou d’une entreprise.» Des analyses des conventions collectives de travail (CCT) existantes et l’élaboration d’exigences nouvelles sont en cours notamment sur les questions de reconversion, de droits à la formation continue, à la codétermination, des transports entre les lieux de vie et de travail, de la protection de la santé. Martine Docourt se réfère à des expériences, au Canada notamment, qui permettent déjà de refuser de travailler en cas d’impact nocif sur l’environnement ou de bénéficier de remboursement des transports publics. «La réduction du temps de travail qui permet une diminution des émissions de CO2 est aussi une revendication féministe et syndicaliste de longue date, ajoute-t-elle en aparté, dans une perspective de convergence des luttes.»

Gouvernance horizontale

Cette transition doit se faire avec les salariés. D’où l’importance de la gouvernance partagée promue par David Dräyer. «Ramener de la démocratie dans l’entreprise signifie donner de l’importance à chaque voix, permettre la prise de parole de chacun dans un cadre sécurisant, redonner de la confiance en soi et en l’autre. La gouvernance partagée est basée sur l’écoute et le respect. Apprendre à être et faire ensemble, nous reconnecter à notre pouvoir d’agir, en pouvant dire non si c’est contraire à nos valeurs.» Reste que la mise en place de ce système de gouvernance doit venir de directions motivées, de l’avis du formateur. «Il ne s’agit pas seulement d’accroître l’autonomie de chaque employé, mais aussi d’inclure ceux-ci dans la définition des objectifs. Cela nécessite davantage de transparence et d’informations.» Si David Dräyer évoque les difficultés inhérentes à tout changement, il se réjouit que de plus en plus d’entreprises précurseures, des coopératives, des associations et des communes s’y lancent. «En ramenant de la démocratie dans une entreprise, on permet à chacun d’apporter des solutions.»

Dans le cadre de la discussion avec les autres personnes présentes en ligne, entre autres des membres de la Grève du climat et de la Grève des femmes, Solenn Ochsner, secrétaire syndicale du secteur de l’industrie d’Unia Neuchâtel, réagit: «La démocratisation des lieux de travail est une revendication importante pour les travailleuses et les travailleurs qui doivent avoir la possibilité de s’exprimer sur les choix de production et dans la manière de produire, car cela a des impacts directs sur leur profession, leur vie, leur santé.» Elle met toutefois en garde contre des risques de greenwashing de sociétés dont la logique de surproduction perdure sous les belles paroles.

Grève pour l’avenir

Quid de la Grève pour l’avenir du 21 mai 2021, alors que la mobilisation sur le terrain est rendue plus complexe par les restrictions sanitaires? «La peur est grande de perdre son job. La mobilisation n’est donc pas aussi aisée qu’en 2019 pour la Grève des femmes. Il s’agit donc aussi de faire preuve de créativité. Cette pandémie est toutefois accompagnée d’une prise de conscience qu’on marche sur la tête. Elle permet aussi d’ouvrir les yeux sur la crise climatique, estime Silvia Locatelli, nouvelle secrétaire régionale d’Unia Neuchâtel. Les membres du syndicat ne sont pas homogènes. Les sensibilités diffèrent. Par exemple, imposer des taxes sur les carburants peut s’avérer complexe dans une région comme la nôtre et pour les frontaliers qui n’ont pas forcément des possibilités de se déplacer en transports publics...»

«Si le coronavirus complique certains modes d’action, il permet aussi de mettre en lumière les différentes crises intimement liées – climatiques, économiques et politiques –, renchérit Léa Ziegler, secrétaire syndicale au SSP. Dans les services publics, le besoin en main-d’œuvre est important, mais les conditions de travail doivent être acceptables.» Autrement dit, la revalorisation de ces secteurs, féminins et donc peu rémunérés, est par conséquent nécessaire.

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