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La rue 1 – Macron 0

C’était le premier grand test social de ce second mandat. La réforme du chômage à peine digérée que le gouvernement d’Emmanuel Macron a enchaîné avec sa réforme sur les retraites. Manifestement, les deux millions de personnes descendues dans la rue le 19 janvier (1,12 million selon les autorités) montrent clairement que les Français n’en veulent pas. La mobilisation est inédite et même l’une des plus importantes de ces trente dernières années. Le président, qui essuie un échec cuisant, misait pourtant sur la résignation de la population pour imposer sa révision. Il en faudra un peu plus aux Gaulois pour se soumettre. Ils seraient, d’après les sondages, entre 70% et 85% à se montrer hostiles au projet.

En quoi consiste cette réforme? Présentée le 10 janvier après des mois de concertation, sa mesure phare consiste à reculer l’âge légal de la retraite à 64 ans d’ici à 2030, au lieu de 62 ans actuellement. La durée de cotisation sera allongée à 43 ans, au lieu de 42 aujourd’hui. L’objectif? Rétablir les finances du régime. La Première ministre Elisabeth Borne s’est félicitée de mener un projet «universel» qui concerne tout le monde: en effet, les fonctionnaires, comme les agents des régimes spéciaux, devront eux aussi travailler deux ans de plus. Pas de jaloux! Sur le montant des rentes, le gouvernement ose parler de progrès social: pour une carrière complète, les retraités ne pourront pas toucher moins que 85% du SMIC, à savoir 1200 euros brut par mois. Une augmentation qui profitera également aux travailleurs déjà retraités et qui gagnent moins que cela.

Une réforme trop rapide, trop brutale et trop injuste, dénoncent les syndicats, mais aussi la gauche et l’extrême droite. La bonne nouvelle dans cette morosité, c’est que les syndicats français ont décidé de faire front ensemble, et cela n’était pas arrivé depuis 2010. Une force incontestable qui sera sans doute déterminante dans l’issue de ce conflit. Dans une pétition commune, ils fustigent une mesure «injustifiée» qui va frapper en première ligne les travailleurs les plus précaires et ceux dont la pénibilité n’est pas reconnue. «Le rapport du Conseil d’orientation des retraites l'indique clairement, le système de retraites n’est pas en danger. Il n’y a aucune urgence financière. Ce projet gouvernemental n'a rien d'une nécessité économique, c'est le choix de l'injustice et de la régression sociale.» Et puis, encore faut-il réussir à le garder, son emploi, après 60 ans, car seulement 35% des 60-64 ans avaient un job à la fin de 2021… Le bras de fer ne fait que commencer: d’autres actions auront lieu, notamment une nouvelle grosse journée de grève et de manifestations le 31 janvier.