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La santé doit passer avant les délais

Une pétition signée par 20000 travailleurs de la construction exige une meilleure protection en cas d'intempéries et de canicule. Unia met les entreprises, les maîtres d’ouvrage et les autorités face à leurs responsabilités
© Thierry Porchet

Une pétition signée par 20000 travailleurs de la construction exige une meilleure protection en cas d'intempéries et de canicule. Unia met les entreprises, les maîtres d’ouvrage et les autorités face à leurs responsabilités

Une pétition signée par 20000 travailleurs de la construction exige une meilleure protection en cas d'intempéries et de canicule. Unia met les entreprises, les maîtres d’ouvrage et les autorités face à leurs responsabilités

Chaque jour en Suisse, environ 80000 travailleurs de la construction œuvrent sur les chantiers. Le secteur est en plein essor depuis plusieurs années, mais malgré tout, les employés doivent travailler toujours plus et toujours plus vite. La faute à des délais de plus en plus courts, qui contraignent les ouvriers à bosser même en cas d’intempéries et de canicule.

Sur le terrain, Unia dénonce la situation depuis des années. Quelques belles avancées ont vu le jour, comme le fonds de prévention mis en place dans le canton de Vaud, mais beaucoup reste à faire jusqu’à trouver une solution sur le plan national.

C’est dans ce contexte que la pétition «Intempéries et canicule: la santé avant les délais!», lancée cette année par le syndicat, a été signée par près de 20000 travailleurs de la construction, usés par la situation. Elle réclame une meilleure protection de leur santé et une prolongation des délais en cas d'intempéries et de canicule. «Les intempéries ne sont pas une nouveauté», explique Simon Constantin, membre de la direction du secteur de la construction d’Unia, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Berne le 24 novembre. «Il y a quelques années, les travailleurs pouvaient se mettre à l’abri dans la baraque ou rentrer chez eux le temps que la météo s’améliore, mais aujourd’hui, la pression sur les délais est telle que chaque heure est comptée, et on travaille coûte que coûte, par tous les temps.»

Et ce n’est pas sans conséquence. On sait qu’en cas de canicule, le nombre d’accidents augmente de 7% lorsque la température dépasse les 30 degrés. De même, de manière générale, les accidents graves ont tendance à croître ces dix dernières années.

«Il faut prendre ce problème à bras-le-corps et trouver une solution pour mettre les travailleurs en sécurité lorsque le travail devient dangereux», insiste le syndicaliste.

Sujet délicat

Mais pourquoi est-ce si difficile? «C’est plus une question idéologique: il y a une réticence énorme de la part de l’association patronale nationale à en parler, qui préfère le flou sur ces questions plutôt que d’être contrainte par des règles claires», répond Simon Constantin.

La question des critères objectifs est également une priorité. Il faut que les règles mises en place dans certaines régions soient reprises à l’échelon national afin d’arrêter le travail à partir de limites clairement définies.

«De plus, une solution pour éviter de travailler lors d’intempéries et de canicule, dans ces métiers presque exclusivement d’extérieur, serait un vrai pas en avant au niveau de l’attractivité de la profession, où les cadences de travail ont fortement augmenté ces dernières années», rapporte le responsable syndical.

Agir rapidement

La pétition sera soumise aux instances politiques, aux entreprises et auprès des maîtres d’ouvrage.

«Il doit y avoir des règles équitables pour l’assurance intempéries, insiste Simon Constantin. Les maçons et les entreprises paient l’assurance intempéries de l’assurance chômage avec leurs cotisations, mais ne peuvent pratiquement pas obtenir d’indemnités pour cause de canicule en raison de la rigidité des conditions de l’assurance. Le risque est donc plus grand de continuer à travailler même par des températures extrêmes.»

Par ailleurs, Unia appelle les patrons et les maîtres d’ouvrage à faire passer la sécurité du personnel en priorité, en reportant les délais lorsque la météo l’impose. «La norme SIA 118 l’indique clairement, mais de nombreux maîtres d’ouvrage, y compris publics, n’intègrent pas cette norme dans leurs contrats de construction, a critiqué Simon Constantin. Il faut une prise de conscience globale que les intempéries et la canicule ne sont pas un sujet anodin. Faire travailler le personnel dans ces conditions est irresponsable, sans compter que la qualité du travail ne peut pas être au rendez-vous sous une pluie battante ou par 35°C.»

Unia appelle tous les acteurs de la branche à trouver une solution qui fonctionne à l’occasion d’une table ronde réunissant notamment la Société suisse des entrepreneurs, la Suva ainsi que des maîtres d’ouvrage publics. L’objectif: convenir de mesures concrètes avant la prochaine vague de chaleur pour mieux protéger la santé des travailleurs.

Interpeller nos autorités

Dans le cadre de cette campagne, Unia a élaboré un modèle de motion pouvant être soumis aux Parlements cantonaux. Le but est d’adapter les dispositions cantonales relatives aux marchés publics afin qu'en cas de canicule et d’intempéries, la santé ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la pression des délais. Concrètement, la motion demande que les facteurs intempéries et canicule soient pris en compte dans la planification et l'exécution des chantiers publics, que les délais soient ajustés si besoin, et qu’alors, aucune amende conventionnelle ne soit prononcée.

Des motions ont été déposées dans les cantons de Berne et du Valais et sont en cours de traitement, alors qu’en septembre Neuchâtel a déjà modifié sa Loi sur les marchés publics en ce sens. «Les entreprises n’auront rien à perdre si les règles en matière d’intempéries et de canicule sont mieux définies», rassure Simon Constantin.

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