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A Lausanne, les multiples facettes de l’Iran

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© E.Vidon-Acolas

Parmi les artistes présents, le Lausannois d’adoption Danial Seyed Aboudi et la pianiste Layla Ramezan, ainsi que la cantatrice Darya Dadvar et la star Shahin Najafi.

Le 8 mars, au Théâtre de Vidy à Lausanne, poésie perse, chant lyrique et rock étaient au programme de Tehran Manifest. Une soirée organisée par le performeur lausannois Danial Seyed Aboudi, avec le soutien de l’association suisse «Femme Vie Liberté»

Pour cette soirée du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, le Théâtre de Vidy a fait salle comble. Le spectacle Tehran Manifest, mis sur pied à cette occasion, a réuni une palette d’artistes iraniens. C’était notamment l’occasion inédite en Suisse de voir sur scène le chanteur-compositeur Shahin Najafi. La star alternant rock et rap avait fait l’objet, en 2012, d’une fatwa demandant sa mort, en raison de l’une de ses chansons jugée blasphématoire par le régime des Mollahs. Le titre en question dénonçait aussi bien les frasques de ces derniers que les déchirements internes à la diaspora et son hypocrisie.

Ces divisions surgissent en effet même lors d’événements tels que cette soirée, lorsque aux Javid Shah! (Longue vie au roi), clamés par les spectateurs les plus royalistes, d’autres répondent Javid Iran! (Longue vie à l’Iran), avant que le plus rassembleur Zan Zendegi Azadi (femme, vie, liberté) ne résonne dans la salle.

Avant que la voix de Shahin Najafi ne réveille la salle, les participants non familiers du persan ont pu admirer la musicalité de cette langue, grâce à la poésie de Danial Seyed Aboudi, accompagné par la pianiste Layla Ramezan et le percussionniste Shahab Eghbali. La chanteuse lyrique et compositrice Darya Dadvar a ensuite alterné des chants tirés du répertoire lyrique et populaire français, en y mêlant habilement des titres persans.

Aucun artiste présent ce 8 mars n’a repris les chants phares de la nouvelle révolution iranienne que sont Baraye de Shervin Hajipour, ou L’hymne des femmes de Mehdi Yarrahi, la cantatrice Darya Dadvar a toutefois suscité l’émotion en entonnant l’hymne patriotique, Ey Iran, repris en chœur par une bonne partie de la salle. Après avoir déclamé: «Ce soir, nous sommes en Iran, au Balouchistan, au Kurdistan…», la chanteuse a également interprété Sarzamin-e-Man (Ma patrie), titre emblématique de Dawood Sarkhosh, chantre afghan de l’exil. Repris par une chanteuse iranienne, cet air extrêmement nostalgique, peu connu des Iraniens, était un cadeau aux quelques Afghans présents.

En organisant cet événement, le Lausannois d’adoption Danial Seyed Aboudi aura pu donner un aperçu de la richesse et de la diversité de la scène culturelle iranienne, peu connue en Europe et réprimée sur son sol. Alors qu’il avait fui l’Iran seul à l’âge de 15 ans, le jeune comédien, danseur et performeur drag-queen, a rapidement fait ses preuves et pu intégrer la section théâtre de la Haute Ecole des arts et de la scène, la Manufacture. Un parcours aussi atypique qu’exemplaire.

Ce 8 mars, en Iran, des femmes ont dansé, d’autres ont manifesté, bien que la «fête» des filles et des mères soit traditionnellement célébrée le jour de l’anniversaire de Fatima, fille du Prophète Mahomet, fêtée le 13 janvier cette année. Encouragées par le régime à s’inspirer du modèle de piété que représente cette sainte figure, les jeunes Iraniennes souhaitent s’en détacher à tout prix. Dans le quartier rebelle d’Ekbatan, à Téhéran, ce 8 mars, quelques femmes ont aussi célébré la liberté qu’on leur refuse, cheveux au vent et nombril à l’air, au péril de leur vie, sur un rythme d’Afrobeat. Ce n’était pas les seules, à travers le pays, à braver les interdits, pour tenter de s’en libérer. Ne les oublions pas.

 

 

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