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Le 1er Mai, seul jour fêté sur l’ensemble de la planète

Deux femmes forcent un patron à s'asseoir face à une feuille de papier comportant un grand 8.
© Livre "Un siècle d'union syndicale suisse, 1880-1890"

La journée de 8 heures, promue par le journal satirique "Der Neue Postillon" en 1905.

Comment ce jour est-il devenu la Fête des travailleurs et des travailleuses? Retour sur l’histoire de cette journée qui plonge ses racines dans le combat du mouvement ouvrier pour la journée de travail de 8 heures

Y a-t-il seulement une autre fête qui soit célébrée dans le monde entier le même jour? Pas même le Nouvel-An qui ne tombe pas partout sur un 1er janvier! Le seul jour de portée véritablement universelle qui réunisse les populations sous une forêt de drapeaux et de calicots est le 1er Mai. Petit historique.

Le mouvement ouvrier, qui prend de l’ampleur à la fin du XIXe siècle, place la journée de 8 heures au centre de ses revendications. Les syndicats des Etats-Unis entendent faire aboutir cette revendication le 1er mai 1886, car le 1er mai est le jour où les ouvriers négocient leurs nouvelles conditions de travail. Ce 1er mai-là, une grande grève débute à Chicago. Elle s’achèvera le 4 mai par un attentat dirigé contre la police et une bataille de rue. Au cours de la parodie de procès qui s’ensuit (le procureur Grimell: «Les ouvriers doivent être pourchassés comme des rats jusque dans leurs trous»), sept dirigeants du mouvement ouvrier sont condamnés à mort. Quatre subiront le châtiment suprême, un se suicidera dans sa prison, deux seront graciés et leur peine commuée en détention à vie. En 1893, les condamnés, premiers martyrs du mouvement ouvrier, seront réhabilités.

Décision du Congrès socialiste

En Europe et en Australie également, le mouvement ouvrier gagne en importance. Il exige, là aussi, la journée de 8 heures. Mais cette revendication, estiment les dirigeants du mouvement, doit être posée et adoptée au plan international. C’est pourquoi le Congrès socialiste international, qui se tient à Paris en 1889, proclame le 1er mai jour de revendication des travailleurs et des travailleuses. Dans tous les pays, des manifestations seront organisées le 1er mai 1890 pour demander l’introduction de la journée de 8 heures et l’amélioration de la protection des ouvriers et des ouvrières. La grève de Chicago a joué un rôle dans le choix de cette date, mais aussi la dimension symbolique du mois de mai considéré comme le mois du renouveau et de la fécondité.

Le 1er Mai en Suisse

En Suisse, le 1er Mai 1890 est fêté dans pas moins de 34 localités. A cette époque, l’Union syndicale suisse (USS) comptait à peine 5000 membres, le Parti socialiste suisse avait 9 mois d’existence. «Quelques milliers» de personnes ont probablement débrayé ce jour-là, la plupart à Berne. En début d’après-midi, on dénombre déjà 2000 manifestants qui défilent dans les rues de la Ville fédérale, sagement rangés derrière la bannière de leur syndicat. Dans la plupart des localités, les manifestations du soir connaissent une affluence encore plus grande. Les chiffres sur la participation à ces premières journées d’action revendicative sont parvenus jusqu’à nous grâce aux services du Ministère public de la Confédération, qui faisait espionner systématiquement les manifestations…

En 1919: 50000 manifestants à Zurich

En 1910, le 1er Mai est célébré dans 96 localités suisses. La plus grande manifestation a lieu en 1919 à Zurich, où 50000 personnes prennent part au défilé. L’histoire du 1er Mai en Suisse – comme dans le reste du monde – se confond par la suite avec l’histoire de la gauche. Dans les années 1920 (mais pas seulement), la journée du 1er Mai reflétera les luttes idéologiques en son sein; elle se fera l’écho du combat antifasciste dans les années 1930, accompagnera l’intégration progressive du mouvement dans l’Etat bourgeois ou l’Etat imprégné des valeurs socialistes et syndicales à partir des mêmes années 30. Après 1968, les manifestations du 1er Mai prendront une tournure plus colorée grâce aux innombrables divisions de l’extrême gauche et aux mouvements qui s’en réclament, dont les militants et militantes devinrent pour une bonne part par la suite des permanents syndicaux, grâce aussi aux communautés étrangères vivant sur notre sol.

Les années Covid: des solutions inventives

A situation exceptionnelle, moyens inédits: en 2020 et 2021, tout rassemblement d’importance est devenu incertain, voire impossible au fil des vagues de la pandémie de coronavirus. Les syndicats n’ont pas baissé les bras pour autant: ils ont démontré, avec leur base, qu’il était possible de mobiliser par des événements et des débats en ligne des milliers de personnes et d’envoyer un signal fort même sans faire défiler de cortèges dans la rue.

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