Chaque deux semaines, en Suisse, une femme est victime de féminicide. Elles seraient le double à survivre à une tentative de meurtre, par un proche, selon le Bureau fédéral de l’égalité des sexes. De surcroît, une femme sur cinq subit des violences domestiques. Si les dénonciations à la police sont quotidiennes, elles ne représenteraient qu’entre 10% et 20% des cas. Cette situation touche toutes les classes sociales, toutes les régions et tous les âges. Les seniors sont particulièrement touchées selon une enquête de la RTS. Entre 2013 et 2022, en Suisse, 39 femmes de plus de 70 ans ont été tuées par un proche. Les témoignages glaçants décrivent la terreur: dévalorisation, humiliation, menaces, insultes, viol, tentative de meurtre… Rappelons-le, le féminicide est un crime sexiste, un assassinat dirigé contre une personne en raison de son genre. Les personnes LGBTQIA+ en sont aussi la cible. Plus largement, cette violence liée au genre peut être de nature physique, psychologique, sexuelle ou économique. Elle prend sa source dans le patriarcat dont découle le capitalisme...
D’année en année, le nombre de féminicides ne fléchit pas. Les centres LAVI d’aide aux victimes et les hébergements d’urgence sont surchargés. Cette violence à l’encontre des femmes et des minorités dépasse bien entendu la sphère privée puisque le harcèlement sexuel et les vexations morales se retrouvent largement dans le monde du travail et dans l’espace public. La violence se révèle aussi administrative, étatique même, puisque les femmes mariées de nationalité étrangère risquent de perdre leur permis de séjour et donc d’être renvoyées dans leur pays d’origine si elles déposent une plainte contre leur mari violent.
Les violences dans les pays d’origine – mariages forcés, mutilations génitales, menaces de mort… –, sur la route de l’exil – viols, trafic d’êtres humains, refoulements illégaux depuis la Grèce, humiliations et violences en Croatie… – ou dans les pays d’accueil, subies par les femmes, les filles et les personnes LGBTQIA+ doivent être reconnues comme motif d’asile. Il est urgent d’accueillir ces personnes avec respect, au lieu de les renvoyer dans des territoires traumatiques sur la base d’intolérables accords de Dublin. Par ailleurs, la Marche mondiale des femmes dénonce le classement, cet été, par le Parlement suisse de la pétition européenne Feminist Asylum (déposée en 2022) qui demandait notamment l’application de la Convention d’Istanbul (Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique). Le 25 novembre, la Journée internationale pour l’élimination des violences sexistes et sexuelles marquera le début de la campagne: «16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre». Elle se terminera le 10 décembre lors de la Journée internationale des droits de l’homme (!), qui n’a toujours pas changé d’appellation…