Les contremaîtres n’auront rien de plus
Les négociations salariales entre les associations de travailleurs, dont Unia, et la SSE ont échoué. Une attitude qui risque d’empirer la pénurie de personnel qualifié sur les chantiers
Nouvel échec du partenariat social dans la construction, cette fois chez les contremaîtres. Après trois rondes de négociations entre la Société suisse des entrepreneurs (SSE) et les représentants des travailleurs, à savoir Unia, Syna et Cadres de la construction suisse, les patrons ont rejeté le 11 décembre dernier toutes les propositions de compromis. Les contremaîtres n’obtiendront donc rien de plus cette année… Dans le détail, les associations d’employés avaient demandé, outre des hausses de salaires générales, le droit au travail à temps partiel afin de mieux équilibrer vie professionnelle et vie privée, ainsi que la rémunération d’une pause le matin. «Deux points qui leur tiennent autant à cœur que le premier», insiste Chris Kelley, coresponsable du secteur de la construction pour Unia. Tout a été balayé.
«Sans les contremaîtres, rien ne fonctionnerait sur les chantiers, dénonce un communiqué de presse commun des syndicats. Ils planifient l’exécution des travaux, motivent et dirigent les maçons au quotidien. Il est donc d’autant plus incompréhensible qu’ils n’aient bénéficié d’aucune augmentation générale des salaires depuis 2013. Voilà comment sont remerciés les contremaîtres qui ont accompli un travail exceptionnel pour faire fonctionner les chantiers pendant la crise du coronavirus.» Sans parler de la pression croissante des délais dans la construction, qui touche aussi de plein fouet les contremaîtres.
Le combat continue
Pour Unia, cet échec témoigne de peu de considération pour les travailleurs, mais représente aussi un autogoal. «C’est précisément chez les contremaîtres que le manque de personnel se fait le plus cruellement ressentir», soulignent-ils, rappelant qu’en 2019, il y avait un déficit d’environ 600 contremaîtres de la construction. «A l’avenir, la situation va malheureusement encore s’aggraver: dans les dix à quinze années à venir, en raison des départs à la retraite, 42% des postes de contremaître devront être repourvus. La baisse depuis des années du nombre d’apprentis maçons, qui constituent un important réservoir de relève pour les postes de contremaître, montre que la branche de la construction sera, à terme, confrontée à d’énormes problèmes.» Dans ce contexte tendu, les contremaîtres et leurs représentants restent mobilisés en vue des futures négociations. «Nous continuerons à revendiquer des augmentations de salaires et la possibilité de travailler à temps partiel dans toute la Suisse», assure Chris Kelley.