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Les femmes d'Unia mobilisées

Les déléguées des groupes d'intérêt femmes d'Unia, poing levé, derrière une banderole "Le travail des femmes est essentiel".
© Nadia Schaerli

Les déléguées des groupes d’intérêt femmes d’Unia sont motivées à faire avancer leurs revendications après deux jours de discussions à Lucerne, marquées par la crise sanitaire et l’engagement féminin dans les professions s’étant retrouvées en première ligne ces derniers mois.

La Conférence des femmes du syndicat s’est réunie sur fond de crise sanitaire. La revalorisation des professions féminines, notamment dans la vente et dans les soins, a été au cœur des discussions. Les militantes exigent aussi une meilleure protection grâce à des CCT de branches de force obligatoire. Elles se sont également prononcées clairement contre l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans

Venues de toutes les régions de Suisse, 130 déléguées se sont retrouvées les 2 et 3 octobre derniers à Lucerne autour du thème «Le travail des femmes est essentiel». Cette 10e Conférence des femmes d’Unia, précise Aude Spang, secrétaire à l’égalité au syndicat, a rencontré un vif succès. Tant en termes de participation et de représentativité – nombre de personnes issues de la migration ont pris part à ces deux journées de réflexion – que d’un point de vue de l’organisation collective féministe et syndicale. Au menu de ce week-end de travail, une discussion nourrie sur l’importance de revaloriser les professions dites féminines. Les participantes se sont penchées en particulier sur la situation des employées du commerce de détail et des soins, domaines fortement mis sous pression par la crise sanitaire. «Les conséquences du Covid-19 ont souligné l’importance de ces métiers pour assurer le bon fonctionnement de la société. Une grande partie des travailleuses de ces secteurs sont demeurées constamment au front, même au plus fort de la pandémie. Elles occupent pourtant des postes parmi les plus précaires et les plus mal rémunérés», commente la syndicaliste. L’assemblée est revenue sur les principaux problèmes recensés. Dans les magasins, le manque de contrôles relatifs au nombre de clients autorisés, de protections ou encore le non-respect de la distance sociale ont mobilisé Unia. Le syndicat a précisé avoir reçu des milliers d’informations du terrain, inspecté des centaines de commerces et obtenu des améliorations dans de nombreuses enseignes.

Hausse des salaires et prime de dévouement

Situation plus que critique également dans le domaine de la santé. Le personnel soignant a non seulement dû affronter une surcharge de travail – alors qu’en temps normal, il se trouve déjà en sous-effectifs – mais aussi œuvrer dans des conditions de dangerosité accrue en raison d’un matériel de protection clairement insuffisant. Les métiers de services essentiels feront l’objet d’une journée d’action, le 31 octobre prochain à Berne et dans toute la Suisse (voir aussi ci-dessous). Les femmes d’Unia demanderont une hausse des salaires, plus de personnel et de temps. «Les applaudissements c’étaient bien, mais il est temps aujourd’hui d’agir», souligne Aude Spang. Outre une augmentation des rémunérations pour toutes les personnes concernées et une prime de dévouement, les revendications porteront sur des revenus mensuels atteignant au minimum 4000 francs x 13 et l’arrêt des dérégulations. Unia exige également une meilleure protection des employés via des conventions collectives de travail de branches de force obligatoire dans toute la Suisse.

Quatuor de choc

Le week-end lucernois a également permis aux participantes de préparer le prochain congrès d’Unia, prévu en juin 2021. Revendication centrale: des structures féminines fortes et une politique syndicale axée sur les préoccupations des femmes. Une exigence qui se justifie par l’augmentation de la représentativité des travailleuses au sein du syndicat. En 2004, elles formaient 18% de ses membres. Ce chiffre s’élève aujourd’hui à 26% et la tendance à la hausse se poursuit. Cette évolution s’est aussi reflétée à la tête d’Unia, avec trois femmes siégeant au comité directeur. En vue des élections, les déléguées ont réitéré leur confiance aux dirigeantes déjà en place, soit Vania Alleva, présidente du syndicat, Véronique Polito et Renate Schoch. Elles soutiennent de surcroît la candidature d’une quatrième aspirante, Bruna Campanello, coresponsable du secteur Arts et métiers. Leur nomination entraînerait, pour la première fois dans l’histoire d’Unia, une gouvernance majoritairement féminine, celle-ci comptant sept membres au total. «Une démonstration de plus de l’engagement d’Unia sur les questions de l’égalité. Une reconnaissance claire des compétences des femmes qui a aussi valeur de modèle à l’extérieur», se réjouit la syndicaliste.

La rencontre a encore débouché sur la rédaction d’une résolution relative à AVS21 (voir encadré) et au changement de présidence de la Commission des femmes. Après quinze années consacrées à cette fonction, Ursula Mattmann Alberto, infirmière de profession et connue pour sa forte implication en faveur des droits des salariées, a passé le témoin. Lui succède Eleonora Failla, formatrice d’adultes, politologue et membre du syndicat de longue date.

65 ans, c’est non!

Hors de question d’augmenter l’âge de la retraite des femmes. A l’unanimité, les déléguées d’Unia ont balayé cette proposition figurant dans le projet de réforme de stabilisation de l’AVS, AVS21, et validée par la Commission ad hoc en charge de son examen. La Conférence a qualifié cette position de «cynique et [d’]irrespectueuse». Dans une résolution, elle a développé son point de vue, soulignant que les femmes affrontent de nombreux obstacles sur le marché du travail. «Faute de structures adéquates, nous subissons des interruptions de carrière pour élever nos enfants ou s’occuper de nos proches dans le besoin. Nous subissons du temps partiel non désiré et nos salaires continuent impunément à être plus bas que ceux des hommes, à valeur et travail égaux. Nous sommes majoritairement actives dans les professions aux bas salaires (...) et nos fins de carrière sont souvent difficiles.» Pour Aude Spang, refuser un an de plus, c’est refuser que cet état de fait, déjà particulièrement injuste, empire. «Les femmes sont discriminées à toutes les étapes de leur vie. Nous devons déjà corriger cette situation.» La syndicaliste rappelle encore que nombre de travailleuses ne disposent que d’une maigre prévoyance professionnelle. «L’absence de reconnaissance des tâches qu’elles fournissent gratuitement tout au long de leur parcours a un fort impact sur les rentes LPP.» Un tiers des femmes n’a en outre que l’AVS pour vivre. Aussi les déléguées ont exigé une augmentation de cette dernière via l’initiative populaire syndicale en faveur d’une 13e rente AVS.

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