Les salaires au cœur de la lutte
Pouvoir vivre décemment de son travail. Parvenir, à la retraite, à tourner avec sa rente. Inverser la dynamique d’un pouvoir d’achat qui ne cesse de s’éroder. Concrétiser l’égalité entre les hommes et les femmes. Ces exigences, tout sauf exagérées, ont constitué le socle des revendications portées ce 1er Mai. Célébrée dans plus de 50 villes de Suisse sous des cieux capricieux, réunissant des dizaines de milliers de personnes, la Fête du travail a servi de vitrine aux principales batailles syndicales en cours. Celle des salaires d’abord. Qui, examinés sous le prisme du renchérissement du coût de la vie, avec une inflation de quelque 2,8% concrétisée par l’envolée des prix, des primes d’assurance maladie et des loyers, ont accusé une baisse réelle de près de 2% l’an passé. Une situation particulièrement problématique pour les bas revenus qui n’ont souvent obtenu que des miettes lors des dernières négociations salariales. A l’image du personnel de l’hôtellerie-restauration, du commerce de détail, des services postaux, de livraisons express, etc. Il s’agit désormais d’enrayer le recul des pertes; de se mobiliser en faveur de hausses significatives et de la pleine indexation des salaires; d’exiger une juste redistribution des gains de productivité aux forces vives qui les génèrent; de mettre un terme à la spirale d’appauvrissement de la classe laborieuse inférieure et moyenne qui compte toujours moins d’argent dans le porte-monnaie. Dans ce contexte, les syndicats mènent l’offensive: pas de salaires en dessous de 5000 francs pour les personnes au bénéfice d’un apprentissage et de 4500 francs pour tous. Le besoin de rattrapage des rémunérations se fait particulièrement sentir dans les branches à majorité féminine. Mais aussi dans le second œuvre romand où les collaborateurs du secteur n’ont pas bénéficié, depuis une décennie, d’une revalorisation salariale. Réunis à Lausanne, ils ont crié leur colère, plus que légitime. Et affiché leur détermination à obtenir de meilleures conditions de travail.
Ce 1er Mai a également fait office de caisse de résonance aux luttes menées pour des retraites dignes. Avec, en ligne de mire, la bataille pour une 13e rente AVS et celle contre la révision de la LPP 21. Une réforme injuste, combattue par référendum, qui exige des actifs de cotiser davantage... pour toucher moins de rentes.
Au cœur des manifestations encore, la question récurrente de l’égalité. Les femmes gagnent toujours en moyenne 20% de moins que les hommes. Elles sont pénalisées durant leur parcours professionnel, assumant généralement la garde des enfants et l’aide aux proches. Avec souvent des conséquences financières désastreuses à l’heure de la retraite. Le 1er Mai a, dans ce sens, résonné comme le prélude à la Grève féministe du 14 juin. Un appel à la mobilisation.
Les revendications pour de meilleures rentes et rémunérations, ainsi que la fin des discriminations salariales entre les sexes ont retenti lundi dernier avec une acuité particulière, alors que des centaines de milliards de francs ont été injectés inconditionnellement dans la place financière et le sauvetage de grandes banques; que la faîtière patronale propose, pour pallier le manque de main-d’œuvre, d’allonger les heures de travail et l’âge de la retraite plutôt que de rendre les métiers concernés plus attractifs. Autant d’injures faites aux classes laborieuses et militantes unies sous la bannière d’indispensables progrès sociaux. Combative, la Fête du travail n’a pas failli à ses visées conviviales, offrant aux participants un moment festif et de partage. Un espace d’échanges et de rencontres propre à souder les troupes et à maintenir vivace la flamme d’un engagement plus que jamais nécessaire pour contrer les attaques de la majorité bourgeoise et peser sur des employeurs qui n’entendent pas bourse délier...