Licenciement massif chez Tornos par saucissonnage
Comme nous l’évoquions au mois de mars, les licenciements économiques se multiplient depuis l’automne chez Tornos. Le 16 juin dernier, le CEO du groupe, Michael Hauser, a pourtant affirmé dans Le Quotidien Jurassien que, «grâce au chômage partiel, aucune mesure de réduction de personnel n’a été prise pour l’instant». Une déclaration qui a fait réagir un ex-employé. «C’est un mensonge, j’ai moi-même été licencié et je connais bien d’autres personnes qui l’ont aussi été ces derniers mois», a-t-il affirmé au QJ. Partant de là, le journal a trouvé une quinzaine de personnes licenciées depuis le mois de mars. «Nous n’avons pas procédé à des licenciements massifs, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de licenciements du tout», s’est justifié le porte-parole du fabricant de machines-outils de Moutier. Les propos de Michael Hauser ont eu aussi le don de fait sortir de ses gonds Unia Transjurane, le syndicat dénonçant dans un communiqué une soixantaine de licenciements depuis octobre de travailleurs sous contrat fixe et autant sous engagement temporaire. Ce qui est une taille sévère, sachant que Tornos emploie environ 300 personnes. «Les effectifs fondent comme neige au soleil», déplore le responsable du secteur industrie d’Unia Transjurane, Patrick Cerf, qui accuse également le groupe de pratiquer la «tactique du saucissonnage» et, ainsi, de s’épargner une procédure de consultation – obligatoire lorsque la réduction dépasse 10% du personnel –, de même qu’un plan social. Le secrétaire syndical constate aussi qu’une partie de ces licenciements concerne des collaborateurs à la longue ancienneté, «sous couvert de préretraite». «Ce ne sont pas de véritables préretraites et il y a bien une lettre de licenciement.» Face à la polémique et sous pression, Tornos a fini par communiquer des chiffres. Entre octobre et avril, 26 collaborateurs fixes, des sites de Moutier et de La Chaux-de-Fonds, ont reçu leur lettre de congé, et encore 13 autres employés depuis, a fait savoir le groupe, reconnaissant implicitement le saucissonnage. Patrick Cerf, pour sa part, maintient son chiffre de 60. Peut-être que la société n’a pas mis dans le lot ces dites préretraites pour ne pas alourdir la barque. Reste que, pour Unia, la cote d’alerte a été dépassée. «Le personnel est maintenant à cran dans cette entreprise, remarque le secrétaire syndical. Derrière chaque licenciement, il y a un drame humain et familial, à plus forte raison lorsqu’on a trente ans de boîte. Nous exigeons de la direction une communication transparente et un véritable dialogue de crise avec la commission du personnel et Unia.»