«LPP 21 est un cadeau du Parlement aux banquiers, aux courtiers et aux assureurs»
Le comité unitaire vaudois a lancé sa campagne contre la réforme du 2e pilier, qui passe en votation le 22 septembre. En ligne de mire, les profits juteux des caisses de pension.
Sur le coup de midi, ce jeudi 22 août, une cinquantaine de personnes a pris position avec pancartes, banderoles et mégaphone, sous les fenêtres de la compagnie d’assurances AXA, à côté de la place Saint-François, à Lausanne. Représentants du comité unitaire vaudois contre la réforme LPP 21, qui réunit les partis de gauche, les syndicats et la Grève féministe, les participants et participantes étaient là pour lancer la campagne en vue de la votation du 22 septembre sur le 2e pilier.
Pourquoi cibler le groupe AXA? Parce que c’est l’un des plus gros assureurs de Suisse, et qu’il gère notamment des fonds de pension. Or, pour les opposants à la réforme, ce ne sont pas les assurés qui en seront les principaux bénéficiaires, mais les milieux financiers et les caisses de pension.
Baisse des rentes et hausse des cotisations
Rappelons que le projet LPP 21, soumis à référendum, prévoit de baisser le taux de conversion - donc au final les rentes du 2e pilier - de 6,8 à 6%. Les partisans de la réforme affirment qu’elle améliorera le niveau de prévoyance des personnes touchant des bas salaires ou travaillant à temps partiel, mais pour ses détracteurs, il y aura en réalité bien plus de perdants que de gagnants.
«Tout le monde cotisera plus, et la majorité des gens toucheront moins de rentes, assène Cora Antonioli, présidente du Syndicat des services publics Vaud (SSP). Et une fois de plus, ce sont les femmes qui en paieront le prix le plus lourd. Tout augmente, sauf nos rentes et nos salaires, alors qu’Axa tire des bénéfices très juteux du système du 2e pilier. Si la réforme passe, les assureurs vont pouvoir continuer à se gaver abondamment et scandaleusement!»
Pour Jessica Jaccoud, du Parti socialiste vaudois, LPP 21 est un cadeau du Parlement aux banquiers, aux courtiers et aux assureurs. De plus, à ses yeux, on passerait à côté d’objectifs prioritaires tels que la prise en compte du travail non rémunéré, effectué en majorité par les femmes, la transparence sur les frais administratifs des caisses de pension ou l’adaptation des rentes au renchérissement. «Ce n’est vraiment pas l’heure de diminuer le pouvoir d’achat des actifs et des retraités. A chaque fois qu’on lancera une réforme sur le dos de la population et des classes laborieuses, ce sera non!»
Pour une refonte du 2e pilier
Certains intervenants en appellent à une refonte en profondeur du système: «Le 2e pilier est cliniquement mort, lâche Julien Schwab, du Parti Ouvrier Populaire (POP). Ses revenus baissent constamment. En revanche, ceux de l’AVS restent stables, parce qu’ils sont sous notre contrôle. Dans le 2e pilier, la seule chose de stable, ce sont les revenus des assureurs.»
Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud, abonde: «LPP 21, c’est un coup de force de la droite et des assureurs. Aujourd'hui, le 2e pilier ne répond plus à son mandat constitutionnel, qui est de garantir des revenus complémentaires à l’AVS. Cette réforme, c’est un produit de 2021, un produit dépassé. Nous avons besoin d’une autre réforme, qui apporte plus de solidarité aussi au sein du 2e pilier.»
Les féministes tirent également à boulets rouges sur LPP 21: «On essaie de nous vendre cette réforme comme étant bénéfique aux femmes, mais c’est un leurre, juge Marie-Odile Heim, de la Grève féministe. On nous dit aussi que les caisses de pensions sont menacées de faillite, mais c’est un pur mensonge quand on voit leurs revenus et les salaires de leurs dirigeants.» En outre, la militante ne décolère pas après l’erreur de calcul d’un total de 14 milliards sur la situation financière de l’AVS ces prochaines années, et exige l’annulation de la réforme AVS 21, qui avait relevé l’âge de la retraite des femmes. Les manifestants scandent à sa suite: «AVS 21, retrait!»
Vidéo Virginie Zimmerli