Non, c’est toujours non!
La bataille ne date pas d’hier. Depuis des années, une coalition rassemblant associations, syndicats et partis de gauche s’oppose à la construction du centre de renvoi du Grand-Saconnex à Genève. Malgré des manifestations, des discussions et, même, une motion votée en mars 2019 par le Parlement demandant au Conseil d’Etat de renoncer à ce projet, il suit son cours comme si de rien n’était. Début octobre, c’est une pétition munie de 4400 signatures qui a été adressée aux autorités pour exiger l’interruption immédiate de la construction dudit centre. En dépit de tout cela, le chantier bat son plein et devrait être terminé en 2022. Entre l’autoroute et le tarmac de l’aéroport de Cointrin – un endroit calme et paisible, donc – ce centre fédéral sera accompagné d’un bâtiment cantonal dans lequel se trouveront de multiples unités de police et des places de détention administrative…
Une «véritable usine à renvois» inutile, inhumaine, xénophobe et raciste. Voilà ce que ce centre fédéral inspire à la coalition. Alors que les autorités saluent la présence sur la même parcelle de tous les acteurs du renvoi pour une meilleure interaction, les opposants y voient juste le caractère répressif de ce lieu. On ne parle même pas des nuisances sonores et de la pollution de l’air dans cet endroit où les habitations sont formellement interdites. On se doutait que les demandeurs d’asile étaient peu considérés par l’Etat, mais à ce point-là, c’en est choquant. Ces personnes qui, rappelons-le, ne sont pas venues par plaisir toquer à notre porte, mais fuient la guerre et/ou la misère. Qui se voient parquées comme des criminels dans ces centres où elles sont soumises à des horaires stricts, à l’interdiction de recevoir et aux sanctions à la moindre infraction. Ces conditions de semi-détention et parfois même de maltraitance, car des abus et des violences ont bel et bien été commis en Suisse, poussent toujours plus les migrants à fuir les centres et à plonger dans la clandestinité.
Le problème va au-delà de nos frontières. Il concerne particulièrement l’Europe depuis 2015 et la «crise migratoire» liée au conflit en Syrie. Partout, les gouvernements ont du mal à mettre en place des vraies politiques d’accueil des réfugiés. On bafoue le droit d’asile, préférant répondre par des discours sécuritaires et des interventions militaires. Montrer qu’on est capables de durcir le ton. En Turquie, un mur de plusieurs mètres de haut a été construit pour empêcher l’entrée des Afghans. En Bulgarie, des soldats sont dépêchés aux frontières. En Pologne, trente ans après la fin de la guerre froide, on annonce l’érection d’une solide clôture prochainement. Et en Angleterre, le gouvernement se vante de lutter contre la «menace clandestine» après avoir intercepté 1115 migrants dans la Manche sur un week-end. Les murs continueront d’être contournés et les mers traversées, mais à quel prix?