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Papyrus partout!

Une pétition au Conseil d’Etat vaudois, pour régulariser les personnes sans-papiers du canton sur le modèle genevois, a été lancée par des organisations de soutien aux migrants, des Eglises, des syndicats et des partis de gauche. Une vaste coalition pour demander l’évidence: celle de reconnaître l’existence de toutes ces femmes et ces hommes qui vivent et travaillent à nos côtés depuis des années, dont les enfants côtoient les nôtres, dont les impôts et les assurances sociales remplissent nos caisses. Autant de personnes aux origines multiples qui contribuent au développement économique, social et culturel de la Suisse. La semaine dernière, un procès a cristallisé l’ineptie de la situation. Une ouvrière horlogère de la Vallée de Joux a fait recours contre une peine pécuniaire infligée pour avoir logé son futur époux, sans-papiers...

Pour mémoire, l’opération Papyrus à Genève, de février 2017 à décembre 2018, a permis de régulariser 1846 personnes (y compris 610 enfants), et plus de 1700 dossiers sont encore en examen. Une grande majorité d’entre elles travaillent dans l’économie domestique. Jusqu’ici, dans 21% des cas reçus par l’Office cantonal de l'inspection et des relations du travail (OCIRT), des infractions ont été observées: non-respect du salaire minimum, et donc du contrat type de travail en vigueur, ou des versements aux assurances sociales. Plus largement, la régularisation des sans-papiers permet de mettre un frein à la sous-enchère salariale, au travail au noir et à l’exploitation d’êtres humains, tant ces personnes sont fragilisées par leur situation de clandestinité. Le phénomène d’appel d’air craint par les détracteurs de Papyrus n’a, de surcroît, pas eu lieu. Il est dès lors urgent que le reste de la Suisse répète ce processus, voire l’élargisse à une régularisation collective. Alors que, dans le canton de Vaud, en comparaison, seuls 59 sans-papiers ont obtenu un permis en 2018 (selon les sources de l’association œcuménique Chrétiens au travail).

Plus largement, le fait de rendre illégale une frange de la population, sans-papiers ou requérants d’asile déboutés, ou de rendre coupables des chômeurs ou des personnes à l’aide sociale, sans compter les personnes âgées laissées sur le carreau, torpillent non seulement des destins individuels mais aussi la cohésion sociale. Alors qu’en ces temps troubles, la solidarité devrait être le maître-mot pour contrer le populisme, le racisme, la haine, l’égoïsme. Le respect des droits humains, avec ou sans papiers, et la protection des plus fragiles sont une question de dignité pour tous les êtres unis sur notre seule Terre-mère faisant face à la sixième extinction de masse. Les migrants climatiques seront de plus en plus nombreux, qu’ils passent par les voies de l’asile ou de la clandestinité, deux chemins qui se rejoignent depuis la création du statut de non-entrée en matière (NEM). Un statut de non-droit. Un de plus.