Pour des télés vraiment libres
«Il est grand temps de réinvestir la question de la gouvernance et de la propriété des médias et de créer enfin des télés vraiment libres. De garantir les conditions de la survie d’une pensée libre. De mettre fin à l’OPA de quelques milliardaires sur l’ensemble du débat d’idées.» C’est en ces termes que Julia Cagé conclut un autre essai, Pour une télé libre. Contre Bolloré*. Car, pour Julia Cagé, une démocratie digne de ce nom doit disposer de médias reposant sur des bases démocratiques. Or, avec le milliardaire Vincent Bolloré (et quelques autres!), patron de choc et ami d’Eric Zemmour, on est loin du compte. Il possède en effet des salles de spectacle comme l’Olympia, les maisons d’édition du groupe Editis, l’agence de communication Havas (publicité) en passant par l’institut de sondage CSA, mais aussi des chaînes de télévision telles que Canal +, C8, CNews et la radio Europe 1. Il est aussi présent dans la presse écrite (Prisma Media, premier groupe de magazines en France: Journal du Dimanche, Paris-Match, Géo ou Ça m’intéresse). Pour garantir la liberté de la communication et le pluralisme de l’information, Julia Cagé propose que la nomination du directeur ou de la directrice de la rédaction d’une chaîne de télé soit agréée par au moins 60% des journalistes, que la pluralité des points de vue s’exprime à l’intérieur de chaque chaîne, que l’indépendance des autorités de surveillance des chaînes soit renforcée, ou encore que l’on mette fin aux abus de position dominante des géants de l’internet. Tout cela suppose enfin un financement public du service public. Or, le Parlement français a supprimé la redevance, sous l’impulsion du Rassemblement national et d’Emmanuel Macron. En Suisse, l’UDC et ses alliés rêvent d’en faire de même…
* Julia Cagé, Pour une télé libre. Contre Bolloré, Editions du Seuil, 2022.