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«Pas d’alimentation durable sans revenus équitables»

«Votre politique ruine les dernières fermes», affiche la pancarte brandie par des paysans allemands bloquant l’autoroute à Neustadt/Wied, le 8 janvier dernier. Leur mouvement contre les plans d’austérité du gouvernement se poursuit aujourd’hui et s’étend dans toute l’Europe.
© Keystone/DPA/Thomas Frey

«Votre politique ruine les dernières fermes», affiche la pancarte brandie par des paysans allemands bloquant l’autoroute à Neustadt/Wied, le 8 janvier dernier. Leur mouvement contre les plans d’austérité du gouvernement se poursuit aujourd’hui et s’étend dans toute l’Europe.

En écho aux manifestations des agriculteurs européens, Uniterre alerte sur la situation des paysans suisses

Les paysans manifestent leur colère en Roumanie, en Pologne, aux Pays-Bas, en Autriche, en Angleterre, en Lituanie… En France, des autoroutes sont bloquées. En Allemagne, des milliers d’agriculteurs et d’agricultrices se mobilisent et, avec eux, d’autres professionnels, notamment dans les transports routiers et ferroviaires. Les difficultés du monde agricole ne datent pas d’hier, mais elles se renforcent à l’aune des taxes sur le gazoil et de la nouvelle politique agricole européenne. En Suisse, Uniterre observe attentivement les différents mouvements. Concernant l’Allemagne, l’association paysanne précise: «Si les revendications mises en avant par la majorité des manifestants et les médias portent d’abord sur une tentative – déjà revue à la baisse – du gouvernement d’abolir les subsides sur le diesel agricole, le malaise est bien plus profond». Le 16 janvier, dans un communiqué, Uniterre souligne que les différentes organisations allemandes d’agriculteurs comme AbL (Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschaft), membre de La Via Campesina, ou BDM (Bundesverband Deutscher Milchviehhalter), membre de l’European Milk Board, ont appelé à manifester avec des revendications plus larges et systémiques. «Les paysans suisses, même en Suisse alémanique où ils ne sont généralement pas les plus prompts à se mobiliser, expriment leur solidarité. Cela fait longtemps que je n’ai pas senti une telle sensibilité et cela ne m’étonnerait pas qu’ils réagissent à leur tour, souligne Rudi Berli, maraîcher, secrétaire d’Uniterre et président de la section genevoise. Sur les marchés, nous ressentons très fortement les effets de la baisse du pouvoir d’achat. Il y a une contraction du porte-monnaie des consommateurs. Parallèlement, les exigences sociétales, écologiques surtout et à juste titre, augmentent sur les paysans, mais la pression économique aussi. Cette situation est semblable dans tous les pays européens.»

Revenu agricole en baisse

Uniterre dénonce ainsi la détérioration de la situation économique du monde paysan en Suisse. En 2022, par exemple, «les coûts de production ont augmenté de 14%». Alors que «les contraintes écologiques et sociales vis-à-vis de l'agriculture se sont accrues, les producteurs et les productrices n'ont pas la possibilité de faire valoir ces coûts supplémentaires sur le marché. Le marché alimentaire suisse est dominé par les grands distributeurs et les entreprises de transformation industrielle. Les commerçants et les transformateurs engrangent des bénéfices records alors que le revenu agricole a baissé de 7%.» Rudi Berli précise: «Nous n’avons pas encore les chiffres pour 2023. Si les coûts n’ont pas autant augmenté cette dernière année, ils n’ont pas baissé.»

L’organisation paysanne demande notamment au Conseil fédéral de donner enfin aux agriculteurs «les moyens de négocier d’égal à égal avec le secteur en aval». La Loi sur l’agriculture (en particulier les articles 5, 7, 8 et 37) permet d’introduire une contractualisation légale obligatoire avant la livraison. «Ces contrats doivent obligatoirement porter sur les quantités, les qualités, les durées et des prix fixes, y compris des préfinancements. Leur respect doit par ailleurs être garanti», souligne Uniterre. «La mise en œuvre de ces articles permettrait d’augmenter la valeur ajoutée dans les fermes sans moyens supplémentaires nécessaires dans le budget fédéral. Les politiques doivent utiliser cet instrument sans attendre!» Rudi Berli indique: «On ne demande pas de l’argent à Berne, mais un cadre économique. La Confédération doit veiller à ce que le cadre légal soit respecté.»

Entre autres mesures, Uniterre prône aussi l’augmentation des prix minimaux d’entrée des produits agricoles étrangers importés ou encore un accès à la terre facilité pour les petits paysans: «Les grosses exploitations doivent pouvoir être morcelées et des moyens doivent être accordés pour faciliter la création et la reprise de fermes par les jeunes», même s’ils ne sont pas de famille paysanne. «Aucune ferme ne doit plus disparaître et le nombre de personnes actives en agriculture doit être doublé!»

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