Pas d’augmentation des salaires minimums dans les shops
Les négociations salariales de la toute nouvelle CCT pour le personnel des shops de stations-service n’ont pas abouti à une revalorisation
Pas de cadeau de fin d’année pour les employés de shops de stations-service. L’Association des exploitants de shops de stations-service suisses (AESS) refuse en effet d’entrer en matière sur une demande d’augmentation de 100 francs des salaires minimums.
Depuis février dernier, les quelque 13000 salariés des shops bénéficient d’une convention collective de travail (CCT), qui réglemente la durée de travail et garantit une série de prestations sociales, comme un treizième salaire, le maintien du salaire en cas de maladie ou de maternité, tout en fixant des salaires minimums. Ceux-ci se situent entre 3700 francs pour les personnes sans formation employées à plein-temps, et 4100 francs pour les titulaires d’un diplôme fédéral. Ces barèmes sont toutefois diminués de 100 francs dans six cantons dits frontaliers, dont le Jura et le Valais en Suisse romande.
Pour les représentants des employés, Unia, Syna et la Société suisse des employés de commerce, une revalorisation de ces minima est nécessaire pour compenser la hausse du coût de la vie et la perte de pouvoir d’achat. «La plupart des employés de shops de stations-service sont des femmes au taux d’occupation réduit et au revenu modeste», relèvent-il dans un communiqué. Pour leur part, les employeurs, qui réalisent des chiffres d’affaires élevés, pourraient bien se permettre d’allonger 100 francs: «Comparés aux autres points de vente du commerce de détail, ces magasins de proximité, dont le nombre est en croissance constante sur l'ensemble du pays, tirent profit des horaires d'ouverture prolongés du soir et du dimanche.»
Discrimination au Tessin
Autre pierre d'achoppement, le Tessin. Sous l’influence du lobby tessinois des stations-service, le Conseil fédéral, qui a déclaré la CCT de force obligatoire (après trois ans d’attente de partenaires sociaux!), a exonéré le canton transalpin de l’application des salaires minimums. Selon Unia, les salaires usuels avoisinent 3000 francs dans les shops tessinois. Exclure un canton des salaires minimums est un précédent dangereux. Lors de la conclusion de la CCT, l’AESS s’était engagée à trouver une solution, mais, selon les syndicats, elle refuse aujourd’hui d’intervenir pour ancrer des salaires minimums contraignants. Les syndicats proposent une entrée en vigueur progressive de ces minima, jusqu’à fin 2020, date du renouvellement conventionnel, et attendent maintenant que les employeurs formulent de leur côté des propositions pour remédier à cette discrimination salariale.