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Payer plus pour toucher moins, c’est NON !

Personne âgée dans un parc
© Olivier Vogelsang

Avec la réforme LPP21, les personnes retraitées pourraient perdre jusqu'à 3200 francs  de rentes par an.

Une large alliance référendaire, menée par l’Union syndicale suisse, a lancé aujourd’hui la campagne contre la réforme du 2e pilier, jugée infondée. Arguments

Le 22 septembre prochain, les électeurs seront appelés à se prononcer sur la réforme de la LPP. L’Union syndicale suisse (USS), dont fait partie Unia, appelle depuis le début à rejeter ce projet. Aujourd’hui, mardi 2 juillet, la campagne a été officiellement lancée: une large alliance référendaire, composée des syndicats et de partis de gauche, s’engage pour un non ferme à la réforme. Pour le comité, pas question de payer plus quand on est encore actif pour toucher moins de rente une fois à la retraite. «Les travailleuses et travailleurs versent déjà des cotisations toujours plus élevées à leur caisse de pension, alors même que leurs rentes diminuent», soulève l’alliance dans un communiqué diffusé à la presse. «Cette réforme est malvenue, car les caisses de pension se portent très bien», a déclaré Pierre-Yves Maillard, président de l’USS. «La réforme proposée est infondée et doit être rejetée.» Les réserves et les marges de sécurité des caisses de pension s’élèvent à 110 milliards de francs, selon l’Office fédéral de la Statistique… Pour la présidente d’Unia, Vania Alleva, la réforme serait une catastrophe pour les gens qui travaillent. «Ce projet qui nous demande de payer plus pour recevoir moins est une arnaque.»

Toujours moins de revenus 
Quelle est la situation aujourd’hui? Si l’on compare les personnes qui partent aujourd’hui à la retraite avec celles ayant quitté la vie active il y a quinze ans, il apparaît clairement que les premières cotisent plus auprès de leur prévoyance professionnelle, mais qu’elles reçoivent en moyenne une rente plus basse de leur caisse de pension… «En effet, les caisses de pension ont déjà fortement abaissé leurs taux de conversion, et donc le même avoir en capital donne droit à des rentes toujours moins élevées», constatent les opposants à la réforme. «La phase des taux d’intérêt très bas est pourtant révolue, les caisses de pension jouissent d’une excellente santé financière, leurs réserves sont bien dotées et selon les propres dires de la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle, la redistribution des actifs vers les retraités a cessé il y a trois ans déjà.»
Le problème de la compensation du renchérissement n’est pas résolu non plus, notamment pour les retraités actuels, en particulier ceux issus des branches à bas salaires. Depuis des années, tous les prix augmentent tandis que le montant des retraites du 2e pilier reste inchangé. «Les bénéficiaires de rentes doivent ainsi se serrer la ceinture: ces trois dernières années, les rentes LPP ont perdu plus de 5 % de leur pouvoir d’achat, soit près de 100 francs par mois pour une rente moyenne. Alors que le Parlement promet depuis des décennies de régler le problème, cette réforme n’y change rien, et donc les rentes en cours vont continuer de se déprécier.»

Réforme trompeuse pour les femmes
L’USS et ses alliés exigent d’en finir avec les baisses des rentes du 2e pilier. Mais ce n’est pas ce qui est prévu, au contraire. «La réforme de la LPP encourage cette évolution désastreuse, en réduisant encore le taux de conversion de 6,8 % à 6 %. Les baisses de rentes iront jusqu’à 3200 francs par an. En parallèle, la réforme revoit à la hausse les déductions salariales obligatoires. Il en coûtera jusqu’à 2400 francs de plus par an aux salariés. Autrement dit, les salaires nets baisseraient et les rentes diminueraient encore.»
Et les femmes là-dedans? «Il y a tromperie sur le contenu de la réforme, qui ne tient pas ses promesses pour les femmes et qui est même contre-productive», a souligné Manuela Weichelt, conseillère nationale verte. En effet, il faudra à ces dernières payer encore plus à l’avenir. Et l’écart de rente en leur défaveur dans le 2e pilier persistera, puisque la réforme ne prévoit aucune compensation des inconvénients liés aux interruptions de carrière, ni à la répartition inégale du travail non rémunéré entre hommes et femmes.


7 milliards de frais

«Ceux qui profitent le plus de la réforme, ce sont les banques, les courtiers et les assurances, qui prélèvent des milliards au passage», s’est indigné le co-président du PS Cédric Wermuth. Effectivement, déjà aujourd’hui, les banques, les gestionnaires et les experts facturent pour leurs services plus de sept milliards de francs par an aux caisses de pension. À eux seuls, les frais de gestion de fortune ont doublé en dix ans. «Le présent projet n’y change rien, loin de là: la mentalité de self-service de l’industrie financière pourra perdurer. La réforme bâclée du Parlement conduira aussi à un surcroît de bureaucratie et à des décisions arbitraires en matière de rentes, dont les caisses de pension se plaignent déjà...»

Plus d’informations sur le site de la campagne ici.

«Un projet dévastateur »

Quel impact aura cette réforme concrètement? L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) n’est actuellement pas en mesure de chiffrer précisément ses conséquences et préfère renvoyer les citoyennes et citoyens aux caisses de pension. «Or les syndicats, qui siègent dans ces caisses, en connaissent les effets concrets, notamment dans les arts et métiers, dans l’hôtellerie-restauration, dans la construction et dans bien d’autres branches à salaires bas et moyens», souligne l’alliance. Pour les boulangères comme pour les horticulteurs, pour les mécaniciens automobiles ou les vendeurs de chaussures, le projet sera «dévastateur» (voir tableau ci-dessous). Par exemple, les cotisations salariales des coiffeuses et des esthéticiennes seraient rehaussées de 3 % alors que 80% des plus de 50 ans dans ces professions obtiendraient au final une rente plus basse qu’avant. «Le compte n’y est pas, surtout dans la catégorie des bas revenus.»


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