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Pour une vie digne: résistance!

Il y a neuf mois, tout a basculé. Le virus prenait ses aises en Europe et en Suisse. Le premier confinement a jeté à la rue des milliers de travailleuses et de travailleurs précaires, sans contrat ou sans statut légal. Les excluant du chômage et des aides étatiques. Les files d’attente pour un colis alimentaire à Genève ont fait surgir au grand jour la réalité de toutes ces personnes, œuvrant sans compter et se retrouvant du jour au lendemain sans revenu. Des images qui ont fait le tour du monde, dévoilant la triste réalité d’une Suisse où les inégalités et le fossé entre riches et pauvres ne cessent de croître d’année en année.

Aujourd’hui, alors que le pays est submergé par une violente deuxième vague, les files d’attente, moins visibles, grossissent. La pauvreté s’étend à la manière du virus, de façon exponentielle. Il y a dix jours, Caritas a lancé l’alerte sur l’accroissement de la pauvreté. Avant le début de la crise sanitaire et économique, 660000 personnes vivaient en dessous du minimum vital en Suisse. Aujourd’hui, ce nombre est en train d’exploser. Des dizaines de milliers de personnes sont touchées par la perte de leur emploi, par le chômage partiel, par l’absence de petits boulots ou de jobs d’appoint permettant la survie. Le taux de chômage a grimpé, en une année, de 46,6%. Portant le nombre de chômeurs à 150000 fin octobre. Auxquels il faut ajouter plus de 90000 demandeurs d’emplois. Et cela dans une situation où seules 30600 places vacantes étaient annoncées. Quant aux personnes au chômage partiel, elles étaient plus de 300000 en août 2020, derniers chiffres disponibles. Des salariés contraints de vivre avec 80% de leur revenu, ce qui se traduit pour la majorité par de grandes difficultés à boucler les fins de mois, à honorer les factures, le loyer, les assurances. Comment faire vivre une famille avec 3200 francs lorsqu’on en gagne habituellement 4000? Une mission largement impossible…

Comme les syndicats, Caritas demande la couverture à 100% du salaire en cas de réduction de l’horaire de travail pour les plus mal payés. L’œuvre d’entraide pointe aussi les lacunes en matière de sécurité sociale. Le filet social s’est effiloché dans notre pays. Les mailles laissent passer de nombreuses personnes. Elles se retrouvent sans ressources, financières, sociales mais aussi psychologiques, dans une réalité dont elles ne sont pas responsables.

Caritas exige plusieurs autres mesures de la Confédération et des cantons en faveur des personnes sombrant dans la pauvreté. Des aides qui, pour l’heure, ne semblent pas à l’ordre du jour. La Confédération comme les cantons étant plus alertes à ouvrir leur porte-monnaie pour les entreprises et les patrons. Comme cela s’est passé à Genève la semaine dernière. Le Grand Conseil a refusé un projet de loi visant à aider les travailleurs les plus précaires, passés entre les mailles du filet. Une proposition portée par la gauche et soutenue par la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS). En échange, une obole a été accordée pour les associations venant en aide aux plus démunis. Or les travailleurs ont besoin de droits, et non de charité, soulignent les syndicats. Face au mépris de la droite, mais aussi des patrons qui s’opposent par exemple à l’application du salaire minimum, la CGAS appelle à une grande manifestation le 19 décembre pour des mesures d’urgence pour tous les travailleurs, chômeurs et précaires frappés par la crise. Dans la foulée du personnel de la fonction publique, mobilisé ces dernières semaines, les syndicats genevois ouvrent la voie de la résistance contre la propagation de la pauvreté et pour une vie digne pour tous.