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Quand on veut, on peut

Bilan en demi-teinte. En 2016, Solidar Suisse épinglait les entreprises en Suisse qui fabriquent ou commercialisent des casseroles made in China en raison des conditions de travail souvent catastrophiques dans lesquelles exercent les ouvriers. Ces sociétés, dont Migros, Coop ou encore Ikea, s’étaient alors engagées à améliorer la situation, notamment en mettant en place des contrôles dans les usines. Depuis, des chercheurs de l’ONG China Labor Watch ont infiltré lesdites usines pour voir ce qui a changé, ou pas. Il s’avère que, si des améliorations considérables ont été constatées, de graves violations subsistent…

Peut (beaucoup) mieux faire. En effet, il ne faut pas nier les efforts de ces trois fabriques, qui en deux ans se sont mises à rémunérer les congés annuels et les absences pour maladie, à légèrement augmenter les revenus et à cesser de ne plus payer les salaires à la suite de l’annoce de démissions. Le hic, c’est que ces prouesses (qui nous paraissent, à nous, tellement évidentes) s’arrêtent là. Le rapport de Solidar pointe encore des horaires de travail excessifs allant jusqu’à 12 heures par jour, des heures supplémentaires non rémunérées, des contrôles sanitaires inadéquats et des lacunes en matière d’équipements, de protection et de sécurité. On peut également souligner l’absence de syndicat ou encore le recours à des déductions salariales dues à des erreurs de production. Au total, douze formes de violations des droits du travail chinois ont été relevées. Pire encore, l’ONG, qui a évalué une tierce usine pour la première fois, remarque que les conditions de travail sont plus désastreuses aujourd’hui qu’en 2016.

Prendre ses responsabilités. La morale est claire: lorsque les problèmes sont identifiés et que les entreprises font preuve d’engagement et de bonne volonté, les choses vont dans le bon sens. Mais elles sont encore trop nombreuses à traîner des casseroles. Pour que les conditions de travail soient complètement assainies tout au long de la chaîne d’approvisionnement, elles doivent continuer à assumer leurs responsabilités et accentuer leurs efforts. Parce que les travailleurs ne méritent pas d’être traités comme de la vulgaire marchandise. Quant à nous, citoyens consommateurs, sachant que 60% des casseroles que nous achetons en Suisse sont produites en Chine, nous pouvons toujours nous tourner vers les autres 40% ou prioriser les objets de seconde main. Nous pouvons aussi d’ores et déjà nous préparer à voter en faveur de l'initiative pour des multinationales responsables, qui demande l’instauration d’un devoir de diligence pour les entreprises basées en Suisse, afin que plus aucune d’entre elles ne ferme les yeux sur les violations des droits humainset les dommages écologiques provoqués par leurs filiales à l’étranger.