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Ils n’ont vraiment honte de rien, ces patrons! Le 13 juin, à la veille de la grande Grève des femmes partout dans le pays, l’Union patronale suisse (UPS) n’a rien trouvé de plus opportun que de balancer à la presse les résultats d’une enquête qu’elle a commandée à l’Université de Saint-Gall, prétendant que 99,3% des entreprises respectent la Loi sur l’égalité (LEg) et que l’écart salarial entre les femmes et les hommes est seulement de 3,3%… A la poubelle, donc, les statistiques officielles qui prouvent qu’en 2023, les femmes gagnent toujours environ 18% de moins de revenu que les hommes. Ces chiffres repris par les syndicats sont «exagérés», selon l’UPS, qui ose prétendre dans son communiqué de presse que «la réalité des entreprises en matière d’égalité salariale est nettement plus positive que ce que laissent entrevoir les chiffres de l’enquête suisse sur la structure des salaires ESS de l’Office fédéral de la statistique»… Ben voyons! Des disparités existent, certes, admet l’UPS, mais «elles oscillent dans une fourchette très étroite et se situent dans la tolérance» et «les exigences de la Confédération sont respectées dans la grande majorité des cas».

Cette étude est un double scandale. Sur la forme déjà. L’UPS le dit elle-même dans sa communication: elle couvre seulement 10% des entreprises tenues d’effectuer une analyse d’égalité salariale. On ne prend donc pas en compte les 90% des entreprises restantes, et encore moins toutes les autres entreprises de moins de 100 employés qui sont exemptées de procéder à une analyse de l’égalité salariale. Autant dire qu’on écarte pas mal de monde. Cette étude n’est donc à aucun moment représentative de ce qu’il se passe dans la réalité. De plus, cette étude repose sur le principe d’autodéclaration: on peut donc à juste titre penser qu’elle couvre principalement des entreprises qui n’ont rien à se reprocher en matière de discrimination salariale! Et malgré tout ça, on arrive encore à un écart de 3,3%, soit environ 2500 francs de moins par an pour les femmes! Sur le fond, il ne s’agit ni plus ni moins que de nier les inégalités dont sont victimes les femmes sur le marché du travail. Et donc de se décharger de toute responsabilité en tant qu’employeurs.

L’UPS se tire une balle dans le pied. Si elle pensait dissuader les femmes de descendre dans la rue le 14 juin avec son étude en carton qui jure que tout va bien dans le meilleur des mondes, elle se met le doigt dans l’œil. Au contraire, elle n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Parce que les travailleuses, elles, savent. Et cette attitude patronale de vouloir minimiser les inégalités les a encore plus confortées à aller crier leur colère. Le 14 juin, elles étaient 300000 à se mobiliser partout dans le pays. Pour la fin des inégalités salariales. Pour une LEg plus efficace, plus large et plus contraignante. Pour la revalorisation des salaires dans les secteurs dits féminins. Pour une tolérance zéro face au sexisme et à la discrimination. Pour des places de crèche abordables. Et pour une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Le combat continue!