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Retraites et durabilité au cœur de la lutte

Mobilisation dans les rues des Neuchâtel. Au premier plan un drapeau Unia et une banderole sur laquelle on peut lire: Non à l'augmentation de l'âge de la retraite!
© Olivier Vogelsang

Samedi dernier, à l’appel de la Grève pour l’Avenir, quelque 150 personnes se sont mobilisées à Neuchâtel pour dénoncer la réforme AVS 21. Elles ont exigé des retraites dignes, durables et solidaires et la préservation de l’environnement

Samedi dernier, quelque 150 personnes se sont mobilisées à Neuchâtel, à l’appel de la Grève pour l’Avenir, pour dénoncer la réforme AVS 21. Elles exigent des retraites dignes, durables et solidaires

La journée de mobilisation romande de la Grève pour l’Avenir du 12 février a rassemblé environ 150 personnes à Neuchâtel. Une réussite! «Il y avait une très bonne ambiance», rapporte Solenn Ochsner, secrétaire syndicale à Unia Neuchâtel et membre de la Grève pour l’avenir Neuchâtel. «C’était très enrichissant car nous avons rencontré des militants venant d’autres régions, notamment de Vaud et Genève.»

Rappelons les points forts de cette journée. Durant la matinée, plus de 300 signatures ont été récoltées pour le référendum contre AVS 21 entre Lausanne, Genève, Vevey et Neuchâtel. Ensuite, une action symbolique a eu lieu devant les Retraites populaires à Lausanne pour dénoncer les millions d’investissements des caisses de pensions dans des projets écocidaires.

Les militants ont ensuite convergé à Neuchâtel d’où partait un cortège festif et déterminé, ponctué de prises de parole. La journée s’est terminée au Théâtre de la Poudrière, qui a fait salle comble, avec deux tables rondes pour poursuivre le débat. Un beau moment d’échanges également.

Revendications

L’objectif de cette mobilisation était clair: rejeter la réforme AVS 21, jugée honteuse et désastreuse pour tous les travailleurs, et notamment les femmes, mais aussi pour l’environnement. «Cette réforme n’est pas ce dont nous avons besoin. Elle va à contre-courant de toutes les revendications que martèlent les mouvements qui militent pour l’égalité, la justice sociale et climatique mobilisant dans la rue des centaines de milliers de personnes», souligne Solenn Ochsner, qui rappelle par ailleurs que le peuple a déjà refusé à deux reprises, en 2004 et 2017, des révisions similaires. «En relevant l’âge de la retraite des femmes et avec l’ambition de l’augmenter dans un second temps pour tous, AVS 21 joue le jeu du patronat. Et lui assure un réservoir de travailleurs non-employés, lui permettant ainsi de mettre la pression sur les salaires et la cadence des personnes actives.»

Quelle alternative dans ce contexte? La Grève pour l’Avenir se positionne sans ambiguïté: à l’heure de l’urgence climatique, il ne faut pas affaiblir l’AVS, le pilier le plus équitable, au profit d’un 2e pilier qui participe largement à la destruction de notre environnement commun, de par ses investissements financiers.

Les activistes revendiquent donc un refus massif d’AVS 21 et plaident pour un système de retraite digne, juste et durable. «Nous ne voulons plus de la capitalisation de nos retraites. Nous ne voulons plus de l’exploitation des femmes et de la planète.» Ils appellent à une réduction massive du temps de travail sans perte salariale afin de mieux partager l’activité rémunérée tout comme la non rémunérée et de tendre vers le plein-emploi.

La lutte ne s’arrête pas là: le prochain rendez-vous a été fixé 9 avril à l’occasion d’une journée de mobilisation nationale.

Quelques chiffres révélateurs...

  • Pour un même poste, les femmes touchent en moyenne 684 francs de moins par mois qu’un homme.
  • Plus de 140 000 femmes ont eu recours en 2019 aux prestations complémentaires de l’AVS.
  • Une femme sur six de plus de 65 ans vit dans la pauvreté en Suisse.
  • Les femmes touchent environ un tiers de moins de rentes que les hommes.
  • 50% des femmes parties à la retraite en 2018 doivent vivre avec moins de 1754 francs de rente AVS par mois.
  • Près d’une femme sur trois qui part à la retraite ne touche aucune prestation d’une caisse de pensions.

Chiffres présentés lors de la conférence de presse du comité unitaire neuchâtelois contre AVS 21.


Témoignages - Une réforme «absurde et violente»

En amont de cette journée de mobilisation, le comité unitaire neuchâtelois contre AVS 21 a tenu le 10 février une conférence de presse durant laquelle plusieurs femmes se sont exprimées contre cette réforme «absurde et violente». En voici un condensé.

«J’ai fait une formation d’auxiliaire de vie mais personne ne veut m’engager car je n’ai pas d’expérience», regrette Nana, maman séparée de 48 ans. «Du coup j’ai recommencé à chercher un emploi dans la vente mais on me dit que plus de 35 ans c’est déjà âgé! Alors quand je vois qu’on veut encore augmenter l’âge de la retraite, je préfère en rire qu’en pleurer.»

De son côté,  Alexandra, 45 ans, est en colère. «On nous parle d’égalité pour nous faire travailler jusqu’à 65 ans, alors commençons par l’égalité salariale entre hommes et femmes. Cette réforme me donne un sentiment insupportable d’injustice.»

Ana, à l’aide sociale, note pour sa part. «J’ai perdu mon emploi à 52 ans, j’en ai 62 aujourd’hui et cela fait 10 ans que je cherche un travail. A mon âge, je dois continuer à timbrer au chômage et on m’envoie encore tous les six mois suivre des formations pour refaire mon CV. Cette réforme représente une année d’humiliation en plus!»

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