Alors qu’OVS refuse d’entrer en matière sur un plan social, le personnel s’est mobilisé en Suisse et devant le siège italien. Témoignages
Comme déjà annoncé dans nos précédentes éditions, 1180 postes passeront à la trappe chez OVS. L’entreprise, dont les magasins sont en liquidation et la faillite proche, a en effet procédé au plus grand licenciement collectif du commerce de détail suisse à fin juin. La société prétend ne pas avoir de fonds pour un plan social. Le syndicat maintient malgré tout ses revendications formulées dans le cadre de la procédure de consultation. Il exige des indemnités de départ selon l’ancienneté, l’âge et la situation familiale et également un soutien concret dans la recherche d’emplois (lire notre édition du 27 juin). Pour appuyer ces requêtes, une cinquantaine de vendeuses, accompagnées de représentants du syndicat, se sont rendues lundi passé à Venise Mestre devant le siège italien de l’enseigne. Elles ont réclamé un plan social similaire à celui accordé au personnel d’OVS en Autriche. La délégation estime en effet que le groupe international a les moyens de dédommager le personnel. Et Unia de relever dans un communiqué: «Quand on conduit une entreprise au naufrage, on sauve d’abord ses passagers avant de quitter le navire.» De nombreuses actions de protestation ont également été menées par les vendeuses au préalable, le 25 juin, dans une dizaine de filiales romandes. Ces démarches visaient encore à dénoncer le manque d’empathie et l’incompétence de la direction de Sempione Fashion. En posant avec des masques à l’effigie de leur patron, les employés espéraient pousser Stefano Beraldo, le CEO du groupe OVS, à prendre ses responsabilités face au chaos qu’il a créé. Cette organisation désastreuse dont ont fait preuve les managers italiens a déclenché leur colère. «On en a marre qu’on nous traite comme de la m...» s’énervent Catherine*, 37 ans, et sa collègue Alice*, 35 ans, (prénoms d’emprunt) travaillant toutes deux depuis de nombreuses années dans un magasin de l’enseigne, en Suisse romande. Les employées, toutes les deux mères, ont aussi témoigné de leur crainte de ne pas recevoir l’intégralité de leur salaire de juin, seule la moitié ayant été versée alors. Un comble sachant, précisent-elles encore, qu’elles ont consenti à de nombreux sacrifices avec notamment la suppression de leurs vacances d’été l’an passé ou encore leur participation à des fermetures mal planifiées tout au long de l’année. Interrogation sur le salaire et aussi sur les jours qui leur resteront à travailler. Le directeur, Stefano Beraldo, n’a en effet pas jugé bon de prendre contact avec le personnel autrement que par mail et le manque d’informations laisse les employés dans l’incertitude… Alice et Catherine expliquent en outre qu’au cours de ces dernières semaines, elles ont dû essuyer le mécontentement et les plaintes de clients qui ne pouvaient plus faire valoir leurs bons ou qui étaient simplement insatisfaits par l’accueil. Une situation dont elles ne sont pourtant pas responsables. «Une femme m’a jeté des cintres au visage en me disant que je n’avais qu’à m’étrangler avec! Psychologiquement c’est très dur», affirme Catherine qui, malgré sa longue expérience dans la vente, n’a jamais vécu cela. «On veut du respect», clament encore les deux collaboratrices qui ne cachent pas non plus leur inquiétude quant à l’avenir de la vente, elles qui souhaitent pourtant rester dans la branche.
* Prénoms d'emprunt