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Salaires indécents chez Epsilon

Syndicom dénonce la restructuration en cours et les salaires de 17,44 francs de l’heure prévus par la filiale de La Poste

La Poste cultive la précarité. Propriétaire à 100% d’Epsilon, société spécialisée dans le portage des journaux et la distribution d’imprimés publicitaires, elle pratique une politique de sous-enchère salariale dans ce secteur, où elle jouit d’un quasi-monopole, ayant racheté la plupart des entreprises de portage du pays. Epsilon compte 600 employés en Suisse romande. Le 2 mai, le syndicat Syndicom dénonçait les salaires indécents que cette société entend imposer aux employés s’occupant de la distribution des imprimés publicitaires: 17,44 francs de l’heure, 13e salaire compris. Les collaborateurs chargés de la distribution des journaux touchent quant à eux 18,27 francs de l’heure, un minimum imposé par la Commission fédérale de la poste (PostCom). Or les porteurs distribuant la publicité et les tous-ménages ne sont pas soumis à la Loi sur la Poste. De plus, ils étaient payés jusque-là au volume déposé dans les boîtes aux lettres.

Il y a deux ans, face au tollé syndical suscité par la découverte de conditions salariales et de travail catastrophiques, d’heures et d’indemnités non payées, de travail au noir, La Poste et Epsilon s’étaient engagées dans des négociations pour régulariser les conditions de travail. «Nous avons pu obtenir des rattrapages assez conséquents sur le travail non payé. Et nous avions aussi débuté des discussions pour mettre en place un partenariat social en vue de conclure une convention collective de travail. Mais les négociations ont été bloquées au moment de discuter des salaires, au début du Covid», explique Virginie Zürcher de Syndicom, en charge de la logistique. Les pourparlers ont repris par la suite, mais toutes les propositions du syndicat ont été balayées d’un revers de main, affirme la syndicaliste.

25% de salaire en moins qu’à Genève

Or dernièrement, Epsilon envoyait des congés-modifications à ses employés distribuant les imprimés publicitaires. Dès le 1er août, le nouveau contrat remplacera le salaire au volume par un salaire horaire de 17,44 francs. En outre, l’assurance perte de gain maladie, dont les travailleurs bénéficiaient jusque-là, est supprimée au profit de l’échelle bâloise (paiement de 2 mois de salaire en cas de maladie, après 2 ans dans l’entreprise) sous prétexte que ce travail serait un job d’appoint. Des mesures qui font bondir la secrétaire syndicale: «C’est choquant qu’une entreprise appartenant à La Poste propose des salaires en dessous du minimum déjà trop bas prévu par PostCom. C’est choquant aussi de supprimer la perte de gain en cas de maladie alors que les porteurs de journaux et de publicité sont déjà parmi les salariés les plus précaires, travaillant de nuit, avec leurs propres véhicules pour lesquels ils n’ont pas de dédommagement outre les kilomètres, et sans vêtements professionnels. Concernant le salaire, si on le compare à celui de Genève où Epsilon va payer ses employés au minimum légal de 23,14 francs, sur Vaud et Fribourg, l’entreprise les payera un quart de moins! De plus, avec ces nouveaux contrats, les collaborateurs ne connaissent pas le nombre d’heures qu’ils travailleront. Ils risquent de gagner encore moins qu’avant!»

Sous-enchère abusive et répétée

N’hésitant pas à parler de sous-enchère abusive et répétée, le député vaudois Jean Tschopp a déposé, le 27 avril dernier, une interpellation adressée au Conseil d’Etat vaudois. Alors que le Canton est fortement engagé dans l’aide aux médias, le socialiste souhaite savoir si le gouvernement n’est pas préoccupé par les conditions de travail précaire dans le portage de journaux et la distribution d’imprimés, et s’il n’envisage pas, avec Genève et Fribourg, de «demander à La Poste de garantir des conditions de travail correctes pour le personnel d’Epsilon». Il interroge également l’Exécutif sur la possibilité de mettre en place un contrat-type de travail pour combattre la sous-enchère constatée. La semaine passée, c’est le conseiller national Roger Nordmann qui portait l’affaire à Berne en interpellant le gouvernement: «Le Conseil fédéral juge-t-il acceptable qu’une filiale à 100% de La Poste paye un salaire de 17,44 francs par heure?». A suivre…

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Pour protester contre la restructuration radicale annoncée dernièrement par l’éditeur zurichois Tamedia, des débrayages ont eu lieu à Genève et à Lausanne le jeudi 12 septembre. Des représentants de plusieurs syndicats – dont Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud – sont venus apporter leur soutien aux employés romands, les appelant à lutter collectivement et solidairement contre cette restructuration.