Retour à l’expéditeur. Milieu d’automne particulièrement désolant pour la cause féminine marqué par la parution de publicités et d’une annonce pour le moins sexistes. Comme si la baisse de la température générait de douteuses poussées de fièvre... La Poste d’abord. L’entreprise exige que son personnel au guichet – une majorité de femmes – distribue un flyer promouvant le Digital Banking. Avec, pour slogan: «Un sourire suffit pour m’allumer.» On n’imaginait pas le géant jaune capable d’autant de finesse. On ne le savait pas si friand de jeux de mots bien qu’il fasse commerce de lettres. Trêve d’ironie. Le pseudo-trait d’esprit est de mauvais goût, même s’il se veut probablement humoristique. Pas de quoi affranchir La Poste, entreprise de la Confédération, d’un minimum de retenue. Côté syndical, la réaction ne s’est pas faite attendre: Syndicom a demandé l’arrêt immédiat de la diffusion du dépliant. On ne badine plus avec l’égalité.
Belles pour les passagers. Ensuite Dnata, service d’assistance au sol actif à l’aéroport de Cointrin. La société cherche à recruter... des ambassadrices de beauté. Pas sûr que les postulantes laides auront leur chance. Les hommes, quant à eux, sont exclus d’office. Discrimination à l’envers, se plaindront certains. Moche... Quoi qu’il en soit, les candidates retenues seront chargées de l’animation d’ateliers d’esthétisme et de maquillage destinés aux collaboratrices en contact avec des passagers. C’est bien connu, des sourcils bien épilés, des ongles peints comme il se doit et un look tiré à quatre épingles – l’uniforme répond déjà à cette exigence – doublent les compétences. Celles qui décrocheront le job, «d’un naturel coquettes», seront au préalable formées par un «make-up artist», ben oui, quand même... Comprenez un professionnel dans l’art d’étaler fond de teint, ombres à paupières et rouges à lèvres. Dnata ne craint pas d’en rajouter une couche. Il soigne l’image. Et son sexisme dans la foulée.
Sport décomplexé. Mais la palme revient au Servette FC. Le club genevois n’a rien trouvé de mieux, pour promouvoir sa billetterie à la veille d’un match, que de recourir à une actrice X, gros plan sur ses fesses dénudées. Bravo les Grenats, à ce stade – à remplir – vous frisez la perfection en matière de communication! Décidément, ça tourne pas rond dans le milieu. Et alors que le football féminin compte de plus en plus d’adeptes et de fans. Va falloir se raisonner pour résister à l’envie d’entretenir un autre cliché, du genre: tout dans les jambes, rien dans la tête... Quoi qu’il en soit, une avalanche de réactions outrées a généré le retrait de la pub. Autogoal! Autant dire qu’entre La Poste qui veut la jouer aguicheuse, Dnata et sa vision fardée du monde professionnel et le Servette FC prêt à tous les moyens pour atteindre ses buts, il y a de quoi désespérer. Trois exemples qui, au lendemain de la grève nationale des femmes du 14 juin, illustrent le travail restant à accomplir pour changer les mentalités et créer une société vraiment égalitaire. Sans machisme. Sans préjugés. Et sans passer pour des rabat-joie parce que ces dérives ne prêtent pas à rire...