Silvano Pizza, un pilier syndical à Genève, s’en est allé
«Sylvain? C’était un gars formidable!» Ces paroles, c’est Maurice Bellard, un ami et un collègue ayant travaillé plus de trente ans avec Silvano Pizza, qui les exprime dès l’évocation du décès de celui que tout le monde nommait Sylvain. Ensemble, avec le militant Roland Brändle, ils étaient, raconte-t-il, «les trois mousquetaires» de la commission syndicale de Firmenich à Genève.
Silvano Pizza s’en est allé le 26 décembre dans sa 75e année, laissant derrière lui son épouse aimée, sa famille, ses amis et camarades dans une grande tristesse. C’est avec la gorge encore nouée par cette disparition que Maurice Bellard, à la retraite depuis une douzaine d’années, et toujours membre d’Unia, se souvient de cette personnalité hors norme: «C’était un fidèle des fidèles. Sylvain était fantastique, très aimable avec tout le monde, mais pas facile dans les négociations. Avec la commission, nous avons vraiment pu faire évoluer dans le bon sens la CCT de Firmenich, qui était aussi à l’époque celle de Givaudan.» Maurice Bellard a débuté un peu avant Silvano dans l’entreprise genevoise, au milieu des années 1970. Ils ont suivi ensemble la formation de «laboriste», destinée aux ouvriers de Firmenich pour qu’ils maîtrisent la préparation de mélanges pour la fabrication des arômes et des parfums, spécialité de la maison.
Locomotive des fusions
Silvano Pizza était arrivé de son Italie natale quelques années auparavant, à Zurich, où il a œuvré dans la restauration. Il a ensuite travaillé dans la construction et se syndique tout naturellement à la FOBB, la Fédération des ouvriers du bois et du bâtiment. Il est engagé par la suite chez Firmenich à Genève, comme ouvrier de production, et rejoint la FTCP, Fédération du personnel du textile, de la chimie et du papier, où il commence tout de suite à militer. En plus de son activité au sein de l’entreprise, il a été «une locomotive» dans la création du Syndicat industrie et bâtiment (SIB), fusion de la FOBB et de la FTCP, puis dans celle d’Unia où il a poursuivi son engagement syndical.
Maurice Bellard se souvient d’une lutte marquante initiée par Sylvain et la commission syndicale chez Firmenich: «Une collègue a été licenciée parce qu’elle était enceinte. Nous sommes allés manifester à la Jonction, devant la tour où se trouvait la direction. Nous n’avons pas obtenu sa réintégration, mais l’entreprise a dû payer, beaucoup, pour elle. Notamment pour qu’elle puisse suivre une nouvelle formation. Firmenich n’avait pas d’autre choix, sinon on ne partait pas! Nous avons eu raison de nous mobiliser, non?»
«Un magnifique personnage»
Ancien laborant puis permanent syndical à la FTCP, Roland Conus ne tarit pas d’éloges pour cet ami disparu sur qui il pouvait compter «aveuglément»: «Je l’ai connu en 1974 ou 1975, lorsque j’ai commencé à militer à la FTCP chez Givaudan alors que lui était chez Firmenich. Je suis devenu secrétaire syndical en 1978 et lui est resté durant près de 40 ans un des militants les plus fidèles et efficaces.» Roland Conus, qui a été responsable Unia de la chimie, liste les nombreuses responsabilités syndicales occupées durant toutes ces années par Silvano Pizza: «ll a été président de la commission syndicale de Firmenich, du comité de la chimie à Genève, de la section FTCP Genève, du Comité romand de la FTCP, mais aussi membre du comité de section du SIB Genève puis membre actif d’Unia. Il a également présidé, par rotation, la Conférence de l’industrie romande du SIB. Et a été un membre reconnu et efficace du Conseil de fondation de la Caisse de pension de Firmenich où il occupait le poste de vice-président.» Roland Conus salue aussi son rôle central dans le processus des fusions syndicales ayant constitué le SIB puis Unia. Il évoque un «magnifique personnage, solide comme un piquet de grève», avant de se faire le porte-parole de tous ceux qui l’ont connu au sein du syndicat pour exprimer leur sympathie émue à son épouse, à sa famille et à ses proches.