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Solitaires et solidaires...

Fermeture des écoles et des lieux de divertissement et de sport, rideaux tirés dans tous les commerces à l’exception des magasins alimentaires et des pharmacies, renforcement des contrôles aux frontières... Lundi dernier, l’état de «situation extraordinaire» a finalement été prononcé dans toute la Suisse pour combattre la pandémie du coronavirus. Enfin! Serions-nous tentés de dire au regard de la folle progression de la maladie – plusieurs centaines de nouveaux cas par jour – et après que nombre de cantons aient opté pour des mesures nettement plus radicales que celles préconisées par le Conseil fédéral, ce fameux vendredi 13. De quoi bouleverser le mode de vie de tout un pays contraint désormais à une période de repli. Situation historique et déroutante qu’il nous faut désormais appréhender en réinventant le quotidien et le vivre ensemble... séparés. En maintenant une distance spatiale salvatrice. Solitaire et solidaire, comme a insisté un médecin invité sur les ondes de la RTS, afin de protéger nos proches, en particulier les personnes âgées et les plus vulnérables des invisibles attaques du Covid-19. Mais pas question pour autant d’abandonner le terrain à une solitude qui pourrait se montrer tout aussi meurtrière. Ni de céder à la psychose. Comme celle qui a poussé des consommateurs à des comportements totalement irrationnels, dévalisant les magasins. Réflexes de survie archaïques quand bien même aucune menace ne pèse sur l’approvisionnement hormis, à court terme, ce genre d’attitudes. Au crédit d’actions plus nobles, on mentionnera la réaction de nombre de jeunes proposant leur aide aux aînés dans la gestion de cette délicate parenthèse. Mais les crises ne révèlent-elles pas toujours le meilleur et le pire de l’âme humaine...

Quoiqu’il en soit, dans ce scénario que l’on imaginait encore impensable il y a quelques semaines malgré le dramatique exemple de l’Italie, la question de l’emploi et d’une récession d’ores et déjà programmée rajoutent à l’inquiétude générale. Dans ce contexte, souplesse, compréhension et pragmatisme sont attendus des patrons à l’égard des parents sans solution pour la garde des enfants. Et si le télétravail se révèle impossible, tous devront percevoir l’intégralité de leur salaire. Les licenciements, les réductions de rémunérations ou encore l’obligation de prendre des vacances ne sont pas autorisés, rappellent les syndicats inquiets des chemins empruntés par certaines sociétés menaçant de pénaliser leur personnel. Dans ce sens, le Conseil fédéral – qui a promis de débloquer une aide d’urgence de 10 milliards pour soutenir les entreprises et les travailleurs et réduit à un jour le délai de carence en cas de chômage partiel – devra au besoin intervenir, augmenter l’enveloppe budgétaire prévue et recourir au filet de sécurité des allocations pertes de gains. Personne ne doit rester sur le bord du chemin, y compris les intérimaires, les travailleurs à contrats précaires, sur appel, ou encore les indépendants.

A l’heure où la planète entière se bat contre la pandémie, la victoire et l’espoir d’un retour à la normale reposeront uniquement sur la capacité de chacun à jouer la carte de la solidarité. A se conformer aux consignes. Et à prendre soin des uns et des autres. Une mobilisation générale – preuve que quand on veut, on peut – et un exercice grandeur nature de la décroissance qui devront inspirer la lutte non moins vitale contre le réchauffement climatique. Rappelons que la mise en quarantaine de la ville chinoise de Wuhan, foyer de l’épidémie, s’est traduite par une baisse significative de la pollution. Un coin de ciel bleu pour les premières personnes affectées par le Covid-19 et une bouffée d’air pur à inhaler... derrière les masques. Puissent-ils appartenir au passé.